novembre 22, 2024

Top pub
Top pub

Vers une réglementation de la filière des cosmétiques à Mayotte ?

12h55 :

Capture d’écran 2020-11-28 à 12.56.59

La Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte animait avant-hier une matinale d’information sur la filière cosmétique de Mayotte, en partenariat avec la DIECCTE. L’occasion de sensibiliser les entrepreneurs du secteur à la nécessaire mise aux normes de l’activité, de présenter les financements et aborder la question de la réglementation. Et ce à une heure où la filière est en pleine structuration, intéressant de plus en plus d’entrepreneurs sur l’île aux parfums.

Comme souvent à Mayotte, la question de la réglementation et du respect des normes pèse souvent sur le développement économique. Pourtant, le développement est bel et bien là, et les secteurs accompagnés par la CCI se multiplient. Mode, couture, alimentation… C’était Jeudi au tour de la filière des cosmétiques d’être placée sous le feu des projecteurs de la chambre du commerce et d’Industrie, avec une matinée entière dédiée aux enjeux de la filière. Matinée qui s’est vue entamée par l’intervention de Zainabou Madjind, inspectrice à la concurrence, consommation et répression des fraudes à la DIECCTE. L’inspectrice nous expliquait intervenir « en notre titre de ministère de l’économie », « parce qu’on est l’organisme de contrôle sur la conformité des produits cosmétiques ». Elle déclarera, à l’issue de cette matinale chargée d’informations, qu’elle a pu constater un manquement dans l’application des règlementations : « Dans le cadre de mes contrôles, j’ai pu constater qu’à Mayotte il y avait des producteurs de cosmétiques. Certains connaissaient un peu la réglementation, d’autres ne connaissaient pas. Donc l’idée aujourd’hui c’est de les accompagner dans la mise aux normes de leurs produits afin que la filière puisse se développer dans le bon sens, et que les produits qui sont mis sur le marché soient sûrs. ». Garantir un produit sans danger pour le consommateur, une notion fondamentale pour cette filière qui vise tout particulièrement le corps humain : les substances se retrouvent directement absorbées par la peau… L’inspectrice présentaient ainsi la « réglementation très lourde » de rigueur dans la filière, une réglementation européenne transposée au niveau national dans le code de la santé publique. Concrètement, il s’agit pour chaque produit de constituer un dossier d’information qui permettra ensuite de garantir la conformité du produit. Un dossier monté à partir d’analyses biochimiques, d’une évaluation de la sécurité. Une étape nécessaire donc, au sujet de laquelle la DIECCTE veille au grain et pour laquelle la CCI en- tend accompagner les entreprises. La chambre de Commerce et d’Industrie intervenait ensuite pour présenter les différents moyens à mettre en œuvre, tous les tests à appliquer et ce dans un contexte de structuration de l’ensemble de la filière.
A l’heure actuelle, une dizaine d’entreprises (déclarées du moins) produisent des cosmétiques à Mayotte. Toutefois, aucune d’entre elles n’est en règle. « On a voulu les réveiller là dessus pour les prévenir que bientôt il y aura des sanctions » expliquait Latufa Youssouf, de la CCI. « On constate que ce domaine intéresse de plus en plus », reprenait-elle. « L’idée c’est vraiment de pouvoir répondre à cette demande qui émerge ». Et en effet, la structuration de la filière des cosmétiques semble bien perçue par les différents acteurs du secteur. Soulaïla Moeva, producteur et distillateur d’ylang-ylang, nous fait part de son intérêt : « Le fait de structurer la filière, c’est de mettre tous les acteurs qui sont liés de près ou de loin à la cosmétique mahoraise, de la matière première qui commence dans les exploitations agricoles jusqu’aux produits finis et commercialisés, c’est vraiment mettre autour de la table toutes les personnes qui vont oeuvrer autour de la filière. » Et ce, pour des avantages certains : selon le producteur d’huile essentielle d’ylang-ylang, cela permettra de « pouvoir répondre à plusieurs questions en termes de réglementation, notamment au niveau des produits qu’on essaye de développer, et aussi pour pouvoir lever des fonds, être visible à partir d’une entité ». A terme, la structuration de la filière pourrait laisser imaginer un rayonnement économique dans les territoires voisins, voire jusqu’en métropole. L’île aux parfums porte bien son nom.

Mathieu Janvier
Pour France Mayotte matin

Articles associés