
La proposition de loi visant à étendre l’Aide Médicale d’État (AME) répond à une urgence sanitaire dans un territoire où 40 % des patients hospitaliers sont sans couverture sociale. À ce jour, l’île est le seul département français exclu du dispositif. Cette situation pèse lourdement sur le Centre Hospitalier, qui assure 72 % de l’offre de soins et doit assumer près de 96 millions d’euros de dépenses annuelles pour des patients non assurés. La mesure permettrait de réorienter les malades vers la médecine de ville, d’alléger les urgences, et d’assurer un meilleur suivi tout en réduisant les coûts. Dans un contexte marqué par les conséquences du cyclone Chido, le besoin d’un système équitable se fait pressant. Comme le souligne Estelle Youssouffa :
« Nous savons que la santé publique à Mayotte est gérée de manière dérogatoire avec une enveloppe unique pour le CHM : c’est à dire que pour 1 euro dépensé pour la santé à Mayotte, 40 centimes va à la santé des étrangers. La mise en place de l’AME permettra de dédier une enveloppe spécifique et séparée pour les étrangers en situation régulière et de consacrer le montant normal à la santé des Français de Mayotte : 1 euro complet pour la santé des Français sans amputer le budget pour les étrangers. En fait, il s’agit d’une avancée pour les Mahorais tout en respectant l’accès aux soins des étrangers en situation régulière grâce à ce système de droit commun. » La loi prévoit l’abrogation de l’article L542-5 du Code de l’action sociale, ouvrant un droit à la santé pour tous, à condition que l’offre de soins privés soit consolidée.