Suite à l’alerte d’une association, le REMMAT (Réseau Echouage Mahorais des MAmmifères marins et Tortues marin) intervient sur la plage de Bouéni Village pour prendre en charge une tortue verte femelle. L’animal a été retrouvé blessé sur la plage suite à une tentative de braconnage.
Une fin de nuit mouvementée
Dans la nuit du 29 avril 2021, un membre de l’association World Ocean Protection contacte le REMMAT afin de signaler au réseau la présence de plusieurs hommes suspects sur la plage de Bouéni Village. La personne explique au REMMAT que vers 2h30 du matin, plusieurs individus ont tenté de braconner une tortue verte (Chelonia midas) en pleine activité de ponte. La femelle, blessée à la tête par les braconniers, a tenté de s’enfuir en vain. Seule la présence du bénévole de l’association World Ocean Protection et l’arrivée sur plage de quelques villageois ont permis de mettre en fuite les malfrats. Après avoir tenté d’agresser le jeune bénévole, ils disparurent rapidement dans la nuit à l’arrivée des habitants.
Une mobilisation de tous
Suite à ce signalement, l’agent du Parc naturel marin qui anime et coordonne le REMMAT a rapidement contacté un membre du réseau afin qu’il se rende sur le site pour constater l’état de santé de l’animal. L’arrivée sur la plage de la directrice de l’association Oulanga Na Nyamba, formée à la gestion des échouages par le REMMAT, permet de dresser un premier constat. L’animal semble désorienté et ses lésions à la tête nécessitent l’expertise d’un vétérinaire. Afin de garantir la sécurité de l’animal, la directrice de l’association Oulanga Na Nyamba restera sur place durant toute la matinée, soutenue par une partie de l’équipe de la Police de l’environnement de la Communauté de Commune du Sud et des agents de la police municipale. Rapidement, une vétérinaire de la clinique Domeon & Schuler, accompagnée de l’animatrice du REMMAT et d’un agent du Parc naturel marin de Mayotte et membres du REMMAT, arrive sur la plage afin de réaliser un diagnostic de l’animal.
Le constat est sans appel, les blessures sont trop importantes pour pouvoir relâcher l’individu dans son milieu. Seule une prise en charge par un centre de soin habilité pourrait donner une chance de survie à l’animal, mais l’île ne possède pas encore les infrastructures adéquates. Face à la douleur de l’animal, la vétérinaire prend la décision de l’euthanasier afin d’abréger ses souffrances. Dès 2022, le futur centre de soin de l’association Oulanga na Nyamba, permettra de prendre en charge les tortues marines présentant des blessures importantes. Face à cette tentative de braconnage sur cette femelle tortue verte venue pondre sur la plage, l’association Oulanga Na Nyamba (agréée au titre de la Protection de l’Environnement) a porté plainte auprès de la Gendarmerie de Mzouazia pour capture et mutilation d’espèce protégée.
Une tortue pour la science
Grace à l’aide des agents sur place et des villageois, les membres du REMMAT chargent le cadavre, pesant près de 150kg, dans un véhicule afin de permettre son transfert vers la chambre froide de l’université de Dembéni en vue d’une nécropsie. Cet examen médical du cadavre de la tortue, coordonné par le REMMAT, permettra de développer les connaissances biologiques sur cette espèce. Des prélèvements seront également réalisés afin d’alimenter l’étude génétique de la population de tortues vertes de Mayotte, d’une part, et de participer au suivi de l’impact de la pollution plastique sur les tortues marines, d’autre part.