Un individu était jugé hier au tribunal judiciaire de Mamoudzou pour avoir menacé et violé une fille de 11 ans, il y a bientôt trois ans.
Les faits remontent au 12 septembre 2018, date à laquelle le CHM signalait une jeune fille victime de viol dans la commune de Tsingoni. Le lendemain, la victime alors âgée de 11 ans et sa mère déposaient plainte à la gendarmerie de Sada. Le prévenu racontera les faits de lui-même, à la barre. Il suit la victime dans un banga, l’oblige à se déshabiller sous la contrainte d’un couteau (bien qu’il niera cette partie de l’histoire, tout en reconnaissant qu’il y avait bel et bien un couteau dans la case en tôle, qu’il a seulement « déplacé »).
Il se déshabille alors aussi, et se frotte contre la jeune fille. Lorsque la juge lui demande s’il y a eu éjaculation, il répond que non. Pourtant, c’est bien l’ADN contenu dans le sperme retrouvé sur le matelas qui a permis son identification. Après une série de question posées par la juge pour lui faire reconnaître ces faits dont il semble ne pas prendre la mesure, la juge arrivera à faire dire au prévenu qu’il regrette, au moyen d’une maïeutique quasi infantilisante.
Puis enfin, à la question des motivations d’un tel acte, le prévenu répondra « J’étais sous chimique. » Un grand classique et presque un inconditionnel des affaires jugées à Mayotte : la justification par les psychotropes qui pourtant – on ne le rappellera jamais assez – ne constitue pas tant une excuse qu’un facteur aggravant.
Il racontera son addiction, laquelle lui a fait perdre son travail, l’obligeant à vendre des bananes pour se fournir en drogue. Face à ce « prédateur » qui se « retranche derrière la chimique » lors de ces « métamorphoses qu’il n’assume pas du tout », le substitut du procureur demandera une peine mixte : 5 ans de sursis probatoire dont 3 ans ferme avec maintien en détention, obligation de soin, de formation, interdiction de détenir une arme…
Le parquet ira finalement dans son sens, accordant également 5000 euros à la partie civile. C’est donc sous les yeux de la victime et de sa mère toutes deux présentes à l’audience que le prédateur repartait, menottes aux poignets, direction Majicavo…