La période des soldes d’hiver 2021 a commencé à Mayotte, et se déroulera dans un contexte plus que défavorable. Les commerçants sont pessimistes.
Initialement prévues pour débuter le 6 janvier, les soldes d’hiver ont été repoussées au 20 janvier dernier. En métropole comme à Mayotte. Mais en plein cœur d’une crise qui n’en finit pas, les commerçants font grise mine quant aux résultats attendus. Marcel Rinaldy, président du groupe 3M nous explique qu’en tant que commerçant, la vision est « plutôt très pessimiste, plutôt mauvaise ». « Au démarrage, on était déjà dans un contexte difficile début janvier, avec des commerces assez ralentis à cause des embouteillages qui ont repris, et compliquent la circulation », reprend t-il.
« On était déjà dans un marasme, parce que les gens ne sortent plus après 19heures à cause de l’insécurité. » Et avec les récentes mesures restrictives, la situation ne gagne pas à s’améliorer. « Avec le couvre feu on s’attend à avoir un ralentissement des affaires de manière importante, on le voit en métropole, les clients sont pressés de rentrer chez eux ». Ainsi, la clientèle se tourne sur les denrées alimentaires plus que sur le non–alimentaire. En temps de crise, la priorité est toute réfléchie.
Un engouement pour les soldes d’hiver 2021 aux abonnés absents
« Nous n’avons pas constaté d’engouement particulier cette année » nous explique Mr Rinaldy, et ce alors que l’an dernier l’effervescence était réelle sur les réseaux en amont des soldes, avec des internautes interrogeant ci et là quels produits allaient être soldés. Un « calme plat » annonciateur des résultats de cette saison ? Faudrait-il alors imaginer des prix plus bas, pour compenser les pertes ? Marcel Rinaldy nous explique que non, les taux habituels seront appliqués. « Habituellement les soldes servent à vendre les articles invendus dans la saison, et comme la saison a été raccourcie il reste beaucoup de stock ». Ainsi, la perte en termes de marge serait trop grande si les prix étaient encore diminués.
L’alternative de la vente en ligne ?
L’on peut alors s’interroger sur des alternatives telles que la vente en ligne. Mais si Mr Rinaldy nous explique que plusieurs enseignes la pratiquent déjà, la clientèle mahoraise n’est pas encore apte du E-commerce. « Ça commence à prendre, on est là, mais cela représente une part minime du chiffre d’affaire. Et la logique serait incommensurable à appliquer pour des petits commerces ».
Une profession en difficulté
Avec un chiffre d’affaire actuel de 30 % de moins que celui de l’an dernier, la profession est en souffrance. Elle a pourtant effectué de gros investissements dans la mise au norme des établissements, à l’instar du secteur de la restauration et de l’hôtellerie. « Quel magasin ou restaurateur a déclenché un cluster ? » interroge Marcel Rinaldy. « On a tous beaucoup investi d’argent dans des machines de gel, des dispositifs de protection, des masques… »
« Le constat d’échec de l’État qui est obligé de faire un couvre-feu pour des raisons autres que les commerçants nous chagrine. Sans remettre en question le bien-fondé de la protection de la population bien sûr » explique le président du groupe 3M. Les commerçants restent solidaires et acceptent les mesures sanitaires quoi qu’il en coûte. Mais le prix à payer risque d’être onéreux. L’accumulation des facteurs risque bien de faire de cette période de soldes 2021 un échec. Et un nouveau coup dur pour l’économie mahoraise…
Un article de Mathieu Janvier, à retrouver dans le France Mayotte matin du vendredi 22 janvier 2021.