Le tribunal judiciaire de Mamoudzou jugeait hier une affaire emblématique de corruption policière. À la barre, 11 prévenus comparaissaient pour des faits d’aide à la circulation ou au séjour irrégulier. C’était là le dernier épisode d’une affaire qui date d’il y a maintenant deux ans, laquelle trouvera finalement son dénouement à Majicavo.
Les enquêteurs ont estimé que plusieurs personnes étaient impliquées dans une organisation visant à permettre à des étrangers résidant à Mayotte de rejoindre la métropole ou la Réunion avec des documents d’identité leur appartenant. En attesteront les comptes bancaires, les nombreux transferts sur Western Union et autres plateformes monétaires. Sans compter le nombre important de télécommunications sur cette période, prouvant l’interconnexion entre tous les prévenus. L’utilisation d’un langage codé entre les différents acteurs de l’affaire aidera toujours plus à qualifier le réseau de « bande organisée ». Le juge en citera d’ailleurs un exemple : « Passe à la maison, il y a deux poulpes ».
Finalement, chacun écopera d’une peine à la hauteur de sa responsabilité, du moins celle reconnue par les juges. Deux d’entre eux n’auront que du sursis, plusieurs d’entre eux seront condamnés à 12 mois d’emprisonnement dont 6 ou 7 avec sursis. La quatrième personne la plus impliquée aura deux ans d’emprisonnement, dont un avec sursis ; la troisième aura 36 mois dont 14 assortis de sursis.
Enfin, Soumatli Beranger (le second du réseau) sera condamné à 36 mois d’emprisonnement, dont 16 avec sursis, et une amende de 5000 euros. Et le grand boss, Boanaidy Kahisy, sera lui condamné à une peine de 30 mois d’emprisonnement, une amende de 5000 euros mais sera aussi sous le coup d’un mandat de dépôt. L’homme repartait alors, menottes aux poignets, pour un aller simple à Majicavo, alors que ce dernier venu de La Réunion, était arrivé libre au procès.
Un article à retrouver en intégralité dans l’édition du jeudi 22 avril 2021 de France Mayotte matin.
