Hier, le président du Conseil départemental a présenté ses voeux devant un impressionnant parterre d’invités. L’occasion de faire le bilan et d’évoquer quelques projets.
Après une annus horribilis en 2020, l’heure est aux voeux pieux pour la nouvelle année. Hier en tout début d’après midi, le président du Conseil départemental a ouvert le bal des cérémonies officielles. Un moment particulier puisqu’il s’agit des derniers voeux de Soibahadine Ibrahim Ramadani. Au détour des questions des journalistes, il a en effet annoncé, sans grande surprise, qu’il ne serait pas candidat à sa propre succession. Il reste néanmoins « disponible pour faire bénéficier de son expérience de président ».
Lors de son discours, il est d’ailleurs revenu sur les enseignements d’une année 2020 à oublier. Selon lui, le Conseil départemental a fait tout son possible pour agir sur trois fronts : sanitaire, social et économique. « Ce sont plus de 20 millions d’euros que le Conseil départemental y a consacré » assure l’ancien sénateur. Une aide qui va s’élargir au delà de Mayotte puisque le Conseil départemental « aura un geste de solidarité à l’égard de nos amis de Mohéli, durement affectés par cette crise. »
Si 2020 a été si particulière, c’est aussi parce que Mayotte a présidé la Conférence des Présidents des Régions Ultrapériphériques. Selon le président, cette responsabilité a permis l’obtention pour Mayotte de 136 millions d’euros supplémentaires de fonds européens. Au crépuscule de sa mandature, Soibahadine Ibrahim Ramadani est aussi longuement revenu sur son bilan lors des 6 dernières années. Un bilan qu’il considère comme très positif. Et qu’il résume par cette phrase: « au terme de cette mandature, notre administration s’est stabilisée, notre majorité s’est renforcée, et nos investissements ont été confortés. »
Difficile de lui donner tort sur l’état des finances. « Nous avons, permettez-moi de l’évoquer, résorbé le déficit financier de 53 millions d’euros en un temps record […] Nous sommes passés de – 9 millions d’euros en 2015 à + 43,9 millions d’euros au compte administratif de 2019 » s’est félicité l’élu du parti Les Républicains.
Le président du Conseil départemental fait passer un message à l’Autorité Environnementale de Mayotte
Plus étonnant en revanche, Soibahadine Ibrahim Ramadani s’est targué d’avoir « réussi à sécuriser le marché des transports scolaires pour garantir le transport de nos enfants dans les meilleures conditions pour la rentrée prochaine. » Lorsque l’on connaît l’historique de ce nouveau marché, la majorité n’a pas vraiment de quoi fanfaronner. D’autant qu’il ne reste que quelques mois aux transporteurs pour être prêts dans un contexte de pandémie… Autre compte à rebours, celui de la piste longue. Le président a évoqué les 80 millions d’euros débloqués par le CD976 pour l’infrastructure. L’occasion de tacler l’Autorité Environnementale de Mayotte en ces termes qui ne laissent pas de place au doute quant à la volonté de voir ce projet aboutir : « nous ne saurions accepter, sur la base d’un rapport environnemental, que la voix unanime des mahorais,- élus, population, entreprises – soit ainsi contredite ! ».
En ce qui concerne le bilan des projets réalisés, le président les a listés de façon laconique. Nouveaux amphidromes, réfection des voiries départementales sur 130 km, déploiement du haut débit, couverture du territoire en électrification rurale, création du Festival des Arts Traditionnels (FATMA), pôle d’excellence rurale de Coconi, acquisition du siège de la Délégation de Mayotte à Paris… en 6 ans la liste est évidemment longue. Le président s’est d’ailleurs permis d’ajouter la réception du terrain de football de Cavani.
Là encore, Soibahadine Ibrahim Ramadani préfère sans doute voire le verre à moitié plein. Car la réception du stade dans son ensemble était initialement prévue en 2018 et ne le sera visiblement pas d’ici la fin du mandat. Pour conclure son long discours, le président a évoqué les grands projets du Conseil départemental pour l’avenir. A commencer par la création d’une compagnie aérienne « fortement mahoraise », selon ses mots. Un futur qui passe inévitablement par être à la hauteur du projet gazier au Mozambique. À ce titre, des travaux au port sont en cours pour être prêts le moment venu.
Un réseau de transport ferroviaire à Mayotte ?
Parmi les grandes infrastructures déjà actées, il a évoqué la construction de la salle polyvalente. Ainsi que du Centre de formation de sportifs de haut niveau. En ce qui concerne la future piscine olympique, le jury doit se tenir d’ici deux semaines. « C’est l’illustration de notre engagement résolu pour l’organisation à Mayotte des Jeux des Iles 2027 » a ajouté l’ancien sénateur. Autres chantiers à venir: le lobbying pour obtenir la Convergence des droits, l’université de plein exercice à Dembeni. Ou encore l’ouverture d’un centre de langue pour tous… Beaucoup de projets ont ainsi été évoqués même s’il en est un qui retient davantage l’attention. Effectivement, le président du CD souhaite la création d’un réseau de transport ferroviaire pour relier les grands axes du territoire. Une Conférence rassemblant des acteurs incontournables du ferroviaire devrait ainsi être organisée dans les semaines à venir.
Enfin, face à l’immigration, le Conseil départemental soutient l’intégration de Mayotte dans l’espace Schengen. Afin notamment que l’agence européenne FRONTEX s’installe localement. « J’ai adressé un courrier en ce sens au Président de la République à l’issue d’une motion adoptée à l’unanimité par notre Assemblée », a rappelé le président. Pour lutter contre l’insécurité et la délinquance, le CD976 compte s’impliquer davantage. En participant par exemple à la réalisation d’établissements spécialisés pour permettre d’encadrer et d’orienter de jeunes auteurs de violences.
Entre bilan et perspectives, conscience des défis et ambitions, ses voeux font donc office d’héritage pour la prochaine majorité.
Retrouvez cet article de Pierre Bellusci dans le France Mayotte matin du vendredi 15 janvier 2021.