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Pouvoir d’achat : le patron de la CMA-CGM insiste sur la part minime du fret maritime dans la constitution des prix en Outre-mer

Les commissions parlementaires se penchent régulièrement sur la manière dont sont constitués les prix en Outre-Mer afin de mieux comprendre les processus pour faire reculer l’inflation mais aussi les écarts de vie existants avec l’hexagone.

Ce n’est pas nouveau et les interlocuteurs des parlementaires sont bien souvent les mêmes à l’instar de la CMA-CGM dont le président Rodolphe Saadé a une nouvelle fois été auditionné par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur le coût de la vie dans les outre-mer.

Sans doute un peu lassé de devoir s’expliquer sur le sujet lui, il a sans doute montré un peu plus les dents en insistant par exemple sur la part minime du fret maritime dans la totalité de la chaîne. 5 % du prix en moyenne et 5 % du prix de vente, une part minime qui ne peut être responsable ni de la vie chère, ni de l’inflation selon lui. De prime abord, ce chiffre a du mal à être avalé tant le coût des transports n’en finit plus de plomber les coûts finaux.

En attendant, il a préféré renvoyer la balle directement dans le camp des distributeurs en leur posant une question simple : « CMA-CGM a mis en place une remise de 750 euros par conteneur qui s’arrêtera le 31 décembre prochain pour faire face à la vague inflationniste. En ont-ils fait profiter les consommateurs ? »

Au regard des tarifs pratiqués aujourd’hui, notamment à Mayotte, la réponse est non, la remise aurait plus servi à compenser les surcoûts qu’à faire baisser les prix tout en maintenant des taux de marge acceptables… Fort de sa position et des efforts réalisés par la compagnie lorsque d’autres n’ont pas bougé le petit doigt, Rodolphe Saadé ne s’est pas non plus privé de rappeler que la chaîne du transport comptait trois autres maillons importants : les acteurs portuaires, les transitaires et les transporteurs routiers. Il a donc invité les parlementaires à les auditionner eux-aussi ou à se pencher d’un peu plus près sur les pratiques opérées dans ces métiers. Longoni pourrait alors être un bon révélateur sur le sujet. Pour étayer ses propos, le président a encore martelé que la CMA-CGM prenait déjà toute sa part dans le combat contre l’inflation et qu’à ce titre, elle devait faire face à un manque à gagner de 80 millions d’euros. Soit dit en passant, il ne s’agit que d’une paille pour la CMA-CGM… Mais cela permet de dire que la flotte gagne moins en Outre-Mer qu’ailleurs.

Pour rappel tout de même, le transporteur maritime avait décidé du gel de tarifs en 2021 avant une baisse de 750 euros par conteneur de 40 pieds (575 € pour un 20 pieds), entrée en vigueur en juillet 2022. Les 750 euros ont certes été une chance pour limiter la casse, mais ses effets ont été réduits avec une mesure qui a purement et simplement été annihilée par la surcharge carburant imposée aux importateurs.

Mais si le patron de la compagnie s’énerve, les parlementaires aussi, fatigués de constater un monde où tout le monde se renvoie la patate chaude en déclinant ses responsabilités et la portée de ses actes.

Samuel Boscher
Pour France Mayotte matin

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