Les habitants d’un quartier de Ouangani n’en peuvent plus de la violence qu’ils subissent et décident de déposer plainte dans l’espoir que la justice s’intéresse à eux et enquête pour mettre fin aux troubles
Ils s’adressent au procureur de la République : » Nous nous permettons d’attirer votre attention sur des faits graves dont la population de Ouangani et singulièrement les riverains du lotissement Sélémani font l’objet; et ce, depuis plusieurs mois.
Depuis plusieurs mois Monsieur le Procureur, nous sommes pris au piège et impliqués malgré nous dans une guerre entre bandes rivales dont nous ignorons tout. Il s’agissait tout d’abord de caillassages entre bandes et d’escalade en escalade, c’est la population qui se trouve aujourd’hui prise pour cible. Il ne se passe pas une semaine sans que nous subissions l’assaut d’individus qui caillassent nos maisons, vandalisent nos biens, nous agressent physiquement, nous harcèlent moralement et au passage pour couronner le tout, ils nous menacent de mort en nous laissant le choix entre les coups de machette et le feu (en menaçant de brûler nos maisons).
De cette escalade de violences, deux jeunes ont failli perdre la vie (un évasané et l’autre encore hospitalisé au CHM), 3 hommes sortant de la mosquée ont failli prendre des coups de machette, une mère de famille a perdu connaissance après avoir reçu un galet sur la poitrine, un homme a reçu des coups de couteaux et a manqué de perdre la vie en promenant son chien en plein jour. La peur est à son paroxysme à Ouangani !
Malgré les interventions des forces de l’ordre, aucune arrestation à ce jour ; la dispersion des assaillants étant privilégiée à coup de gaz lacrymogène dont le seul mérite, il faut le souligner, c’est davantage nous traumatiser.
Cette atmosphère de terreur est renforcée par une augmentation exponentielle de trafics et de consommation de drogues au vu et au su de tous. La banalisation des actes illicites et répréhensibles est en train de détruire toute une jeunesse et entraîne vers le fond un village entier.
Nous vous épargnons la litanie, mais comprenez Monsieur le Procureur que de la menace de mort au passage à l’acte, une petite étincelle suffit. Nous sommes donc aujourd’hui traumatisés et craignons pour notre vie. Après chaque nuit, nous nous estimons chanceux plus que quiconque, de voir le jour se lever. Doit-on se dire Monsieur le Procureur que nous sommes revenus à l’Etat de nature où la loi de la jungle prime et que seuls pourront survivre les plus forts ?
Conscients que la République ne recule jamais face aux terroristes, nous remettons notre sort entre les mains de la justice pour que enfin nous retrouvions notre quiétude. Raison pour laquelle, Monsieur le Procureur, nous souhaitons déposer une plainte collective contre X pour que tout soit mis en œuvre afin que l’on identifie nos bourreaux et qu’ils soient traduits en justice. Au travers de cette plainte, nous attendons également qu’enfin la République démontre qu’une zone de non droit est une chimère pour les criminels et terroristes.«