novembre 22, 2024

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Le capitaine Chamassi livre un discours poignant de lucidité lors du bilan annuel de l’école du civisme

chamassi

17h02: L’école du civisme Frédérique d’Achery, c’est cette école créée par Chaharoumani Chamassi qui donne quotidiennement (de 18h à 20h) des cours d’éducation civique, de politesse, de respect d’autrui et de soutien tout en mettant un point d’honneur à développer les valeurs républicaines à la jeunesse mahoraise.

Récemment, l’école du civisme a fait un bilan de ses activités et a posé les perspectives futurs. Forte de sa réussite, l’école souhaiterai augmenter ses capacités d’accueil.

Durant cette cérémonie, Chaharoumani Chamassi a tenu un discours particulièrement lucide sur les caractéristiques de Mayotte, un discours teinté d’espoir et d’ambition mais aussi de réalisme. En voici une grande partie:

 » Le contexte local socio économique est marqué par une forte croissance démographique alimentée par une immigration clandestine mal maîtrisée.

Nous avons une population jeune voire très jeune qui est confrontée à une évolution rapide vers le modèle de société de consommation occidentale, brisant les uns après les autres, les liens traditionnels de la société mahoraise. Historiquement et culturellement, l’épanouissement, l’émancipation d’un jeune Maorais se faisait à l’adolescence sous le contrôle des parents. Pour l’intimité des parents et par respect de la religion musulmane très tolérante à Mayotte, l’adolescent quittait le domicile parental pour s’installer dans son banga en communauté, loin de la cellule familiale mais a l’écoute des adultes: le fort recul de la prégnance de la religion musulmane chez les jeunes laisse apparaître des comportements nouveaux (alcoolisme, drogue, chimique, mangrove) qui influent sur les nouvelles formes de la délinquance juvénile.

Cela accélère la monté de la délinquance à Mayotte :

  • L’évolution de la délinquance se caractérise par une très forte progression des vols avec violence. Sa progression provoque l’insécurité sur les communes de Mayotte :
  • une délinquance avec violence grave, vols aggravés (violences en réunion) et nous constatons des débuts de vols à main armée
  • Une délinquance essentiellement dirigée contre les biens et les personnes : cambriolage et agressions physiques
  • Montée de l’alcoolisme et de la drogue, facteurs aggravant des agressions physiques
  • Délinquance des mineurs en forte progression et surtout multirécidiviste

Dans ce contexte général, les services de la sécurité publique gèrent une zone de compétence correspondant aux zones urbanisées de la capitale de l’île et la gendarmerie dans les zones rurales et je tiens à saluer leur courage constant.

Mamoudzou, où nous sommes aujourd’hui officiellement avec 57.000 habitants, est fortement marquée par les anciens villages qu’elle a agglomérés pour former ses quartiers, Mtsapéré, Doujani, Passamainty, Tsoundzou, Vahibé, Cavani et Kawéni

A Mayotte la population issue de l’immigration régulière et l’immigration clandestine s’est concentrée dans certains quartiers où règnent en ce moment même une urbanisation sauvage (habitat précaire, construction des bangas en tôles ou plutôt implantation des tôles ondulées au lieu de plantation d’arbre pour reboiser nos collines).

Il est clair que sans être véritablement des zones de non droit, ces quartiers constituent, en particulier la nuit, des terrains aux conditions d’intervention difficiles pour les pompiers, y compris la police et constatons tous le même phénomènes en zone rurale. Le sentiment d’impunité s’y développe et on a vu en 2011, lors des évènements sociaux liés à la vie chère, des centaines de jeunes s’essayer à la guérilla urbaine avec succès, certains élus locaux déresponsabilisés, la perte d’influence des anciens garants de l’autorité (cadis, fundis, bouenis), auprès des jeunes, fragilise le climat social de ces quartiers, qui peuvent voir éclater une explosion de violence sans rapport avec l’objet initial du mécontentement. Le tissu associatif doit mener des actions de prévention, de sensibilisation contre toute forme de violence avec le soutien du Conseil Départemental et des Mairies.

Nous constatons une légère accalmie dans certain secteur de Mayotte y compris au sein de la commune de Mamoudzou mais pour combien de temps.

Nous ne devrons pas tout attendre de l’Etat car il s’agit des agressions émanant de nos enfants. L’Etat n’enfante pas ce sont les parents qui enfantent, agissons avant l’aide de l’Etat.

Anticipation en matière de politique de sécurité

L’explosion démographique récente et la hausse corrélative de la délinquance n’ont pas été anticipées en matière de politique de sécurité. Les efforts en cours et à venir de recrutement et d’équipements ne rattraperont que difficilement le décalage entre la demande sociale de sécurité et la prestation offerte. Il s’ensuit un jugement assez sévère sur la capacité d’action de l’’État vis à vis de la population en général, du moins ceux dont les biens (maison, voitures), constituent une proie facile de la délinquance.

Face à cette délinquance, il nous faut un esprit d’entraide et de solidarité. La délinquance n’a pas de nationalité, un enfant reste un enfant, s’il est mal éduqué nous en récolterons tous les conséquences, bien éduqués nous récolterons tous les fruits de son éducation. Dans l’intérêt de nous tous, l’éducation doit être une éducation participative venant de chacun de nous.

Mayotte est une zone de mixité sociale il faut des plans d’actions concrets pour aider nos enfants. C’est la raison pour laquelle nous avons créé l’association « 2 mains pour les enfants » le 1er juin 2014 avec comme Objectif la lutte contre les violences et l’insécurité à Mayotte. Nos membres du bureau viennent des différents horizon : Le Président CHAMASSI Chaharoumani policiers

Vic président KAMAL ‘EDDINE Saindou professeur journaliste

Secretaire : Mme PERZO Anne Journaliste

Secretaire Adjoint Mr CHIBACO Moustoihi policiers

Tresorier RAKOTONIANA Manda Responsable parc auto

Tresorier Adjoint GARCIA Bruno

Directeur café restaurant caribou.

Pour moi ce sont tous des Maorais malgré que chaque nom raisonne autrement car je suis convaincu que le Mahorais est celui quelques soient ses origines, quelques soient son lieu de naissance, apprécie Mayotte, apprécient les Mahorais et les mahoraises en respectant ses mentalités, ses traditions et ses sensibilités. Tout en intégrant la démarche des valeurs à acquérir pour s’ancrer dans la République française.

L’ECOLE DU CIVISME FREDERIC D’ACHERY :

Baptisée Frédéric D’ACHERY, hommage à cet homme généreux, ancien conseiller General, ancien Maire de la commune de Koungou.

Je ne peux pas citer tout ce qu’il a fait pour Mayotte et sa jeunesse, en 1980, il avait mis à disposition une de ses maisons à la direction de l’enseignement pour que les jeunes de Kangani puissent suivre des cours sans faire des kilomètres à pieds. Puisque dans la commune seul Koungou avait des écoles. Merci encore à la famille d’ACHERY pour votre présence parmi nous.

Cela fait maintenant prés d’un an que nous avons mis en place l’École du civisme Frédéric D’ACHERY. Nous ne fonctionnons que par des dons. Avec deux axes principaux : donner aux enfants en difficultés la chance de ne pas basculer dans la délinquance et redonner aux élèves à risque de décrochage scolaire des bases en français, en mathématiques (maîtrise des 4 opérations de base), en informatique (initiation et découvert de l’internet ) et en Histoire régionale(histoire de Mayotte, Anjouan, Moheli, de la Grande Comore, de Madagascar, de la Réunion et de l’Afrique de l’Est), et leur enseigner les valeurs liées au civisme, respect de l’autre, respect de la chose de l’autre, politesse, le savoir vivre ensemble etc. Mais déjà, depuis 6 ans, nous avons lancé le nettoyage de la Convalescence avec tous les habitants, toutes communautés confondues, suivi par un voulé de convivialité dans un esprit de cohésion. Nous avons également organisé une course de solidarité pour offrir des goûters pendant une année scolaire pour les enfants de Lazérévouni à Kaweni.

Nous avons sélectionné 16 jeunes en début d’année scolaire 2016-2017, qui suivent notre apprentissage tous les soirs, de 18h à 20h, dispensé par des enseignants bénévoles, des étudiants et des ‘’foundis ‘’ Et avec succès, puisqu’aucun ne manque à l’appel alors que nous clôturons cette année. En partie grâce au contact continu avec leurs parents. Nous allons travailler avec d’autres associations pour mettre en place des zones de prévention prioritaire pour lutter contre l’agressivité des jeunes. Mettre en place un bus de sérénité avec des médiateurs de nuit, nous avons également le projet de construction des mini plateaux de basket bal dans les quartiers avec kit de lumière solaire pour occuper les jeunes.

Nous essayons de faire comprendre à cette jeunesse au sein de l’Ecocle du civisme fréderic D’ACHERY qu’il faut travailler pour obtenir son propre bien en respectant la chose de l’autre.

Comme disait Charles GIDE : « La graine elle-même fait un effort pour soulever la croûte de terre durcie qui la recouvre et venir respirer l’air à la lumière. L’homme n’échappe pas à la loi commune, lui aussi doit faire des efforts persévérant.

Cet effort inconscient dans la plante, instinctif dans l’animal, devient chez l’homme un acte réfléchi et prend le nom de travail. »

Fin de citation.

Nous sommes conscients que cela n’est pas évident face à cette jeunesse, on doit continuer à être utile pour eux et accessible, chaque enfant doit pouvoir s’exprimer et s’épanouir dans sa diversité, même s’il peut y avoir des moments de confrontation d’idée entre nous, n’oublions pas comme dirait le vieux sage Mahorais assis au pied de son arbre à palabre: ’’même la langue et les dents se heurtent de temps en temps ’’

N’oublions pas l’essentiel, nous sommes tous liés par un destin commun c’est le MAESHA BOROI le bon vivre ensemble en sécurité.

Nous devrons perpétuer l’esprit d’entraide et de solidarité à l’ancienne avec l’esprit du modernisme qui nous anime. Nous devrons nous attacher à nos bonnes traditions et à nos coutumes en acceptant le modernisme, cela n’est pas incompatible.

L’agressivité des jeunes ne s’arrêtera pas toute seule, elle s’arrêtera toute seule le jour où un caillou se lèvera tout seul.

Nous devrons investir à cour terme et à long terme.

A court terme vu l’urgence en améliorant l’existant pour une occuper la jeunesse Maoraise. Mais vu l’urgence qui s’impose, on doit investir rapidement pour :

Soutenir les associations en ciblant les actions contre toute forme d’agression.

Développer les écoles du civisme Frédéric D’ACHERY dans les secteurs où se trouvent les écoles primaires.

Sensibiliser les parents au sein des quartiers sur l’éducation familiale, sur le dépôt de plainte et aide aux forces de l’autre sur les témoignages.

Mettre en place des plans inter village pour améliorer le dialogue intergénérationnel

  • Pour les mineurs, mettre en place un vrai centre éducatif fermé en formant les jeunes professionnellement (CAP, BEP) ou vers une reprise de circuit scolaire. Cela peut se faire facilement en transformant les anciens bâtiments existants et non occupés (Maisons du gouverneur en petite terre et grande terre)
  • Suite aux décisions de justice mieux utiliser l’outil Travail d’intérêt général pour les mineurs avec le soutien des mairies et des associations

 

  • Prendre en compte en formation qualifiante pour les jeunes qui sont ni expulsables ni régularisables pour les occuper et sensibiliser contre la violence.

 

A long terme, mettre en place une politique d’anticipation pour la sécurité à Mayotte.

Mettre en place un plan Départemental de prévention de la délinquance pour 5 ans avec des fiches d’action adaptés à chaque commune.

Investir sur la prévention de la délinquance en activant les mairies et les associations.

Mayotte mériterait d’être classée en zone de sécurité prioritaire

Avec l’aide des magistrats, placer les cadis dans des fonctions de conciliateur de justice et de médiateur, fonctions susceptibles d’être exercées par les cadis conformément au code de procédure civile. Article 1570 du code de procédure civile issu du décret n°2011-48 du 13 janvier 2011 publié au journal officiel le 14 janvier 2011.

Mesdames et messieurs,

 

Notre petite association me rappelle la légende du COLIBRI une légende amérindienne : Un jour dit la légende, il eut un immense incendie de foret. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissant le désastre. Seul le petit COLIBRI s’activait allant chercher quelques gouttes d’eau avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le TATOU, agacé par cette agitation dérisoire lui dit ”COLIBRI TU N’ES PAS FOU? CE N’EST PAS AVEC CES GOUTTE D’EAU QUE TU VAS ETEINDRE LE FEU!!

Et le COLIBRI LUI REPONDIT:

 

JE LE SAIS, MAIS JE FAIS MA PART.

 

Alors notre association fait sa part pour lutter contre la violence en aidant les enfants et vous invite, chacun de vous, à faire aussi votre part.

 

Mesdames et messieurs je vous remercie. »

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