L’association de défense des tortues à Mayotte a participé à l’arrestation et la condamnation d’un braconnier sévissant sur Petite Terre.
Depuis deux semaines, une augmentation de la fréquence du braconnage est constatée sur la plage de Titi Moya, longeant la piste de l’aéroport, côté océan. De nouveaux cadavres sont découverts au rythme quasi-journalier. L’association décide alors d’intensifier les inspections afin de collecter un maximum d’informations sur les faits et de les transmettre quotidiennement à la Gendarmerie maritime et autres acteurs concernés.
La nuit du mercredi 24 février, deux braconniers, qui avaient sans doute pris leurs habitudes, ignorent la présence des bénévoles de l’association sur la plage. Les bénévoles constatent le découpage de tortue en flagrant délit et alertent la Gendarmerie Maritime qui se rend immédiatement sur place. Avec le renfort de la Gendarmerie mobile, un des deux braconniers a pu être interpellé. Le deuxième a pris la fuite, mais il a été immédiatement identifié. Il fait l’objet de recherches actives par les forces de l’ordres.
L’affaire est passée en comparution immédiate ce jour, 26 février 2021, au Tribunal de Grande Instance à Mamoudzou. Témoin du flagrant délit, l’association Oulanga na Nyamba était bien évidemment présente pour se constituer partie civile. L’enquête effectué par le Gendarmerie maritime avec la collaboration de la brigade de Pamandzi a permis la condamnation du braconnier à 6 mois de prison ferme avec mandat de dépôt et 500 euros de dommages et intérêts par association partie civile ainsi que 500 euros pour le remboursement des frais d’avocat. L’association remercie l’ensemble des intervenants pour cette action réussie, grâce à la forte implication de tous.
Une forte collaboration entre la Gendarmerie maritime et Oulanga na Nyamba
Alertée par les massacres de tortues sur la plage de Moya, constatées lors du premier confinement début 2020, la Gendarmerie maritime répond à l’appel de détresse de l’association Oulanga na Nyamba qui espère enfin une réelle prise en compte de cette problématique. En complément des nombreuses actions de sensibilisation menées par l’association, la répression lui paraît essentielle pour stopper la destruction du patrimoine naturel mahorais.
Ainsi est né un partenariat, basé sur une forte volonté et un dévouement des parties prenantes. La collaboration permet de développer une réelle stratégie de lutte contre le braconnage qui commence à porter ses fruits. Les bénévoles et salariés de l’association Oulanga na Nyamba inspectent régulièrement les principales plages de pontes de tortues dans l’objectif de connaître la fréquentation par les tortues, mais aussi pour constater les cas de braconnages. La présence régulière de jour et de nuit sur les plages permet de collecter des informations précises sur la manière d’opérer des braconniers et préparer ainsi les forces de l’ordre aux interventions sur le terrain. Aussi, l’association reçoit régulièrement des témoignages sur le fonctionnement des réseaux de trafic de viande de tortues qui permettent de renseigner la Gendarmerie.
La lutte continue dans le cadre du Pacte de sauvegarde des tortues marines de la Préfecture
Pour l’association Oulanga na Nyamba, le Pacte de sauvegarde des tortues marines proposé par la Préfecture, et signé en décembre 2020 par les acteurs concernés, a marqué le début de la prise en compte de l’importance de la lutte anti-braconnage à la hauteur des enjeux. L’association s’est engagée à défendre le patrimoine naturel des mahorais, afin de préserver la richesse que représente la tortue pour les générations futures. A partir du mois d’avril, l’association déploie une équipe de terrain dédiée spécifiquement à la protection des tortues marines sur les sites de pontes. L’équipe, actuellement en cours de recrutement, sera responsable d’assurer la présence sur les plus importantes plages de pontes impactées par le braconnage en Petite et Grande-Terre.