Selon un courrier de la préfecture de Mayotte que la rédaction a pu se procurer, le département est confronté en 2023 à une problématique migratoire sans précédent, principalement en provenance des pays des Grands Lacs du continent africain. Les chiffres sont vertigineux : plus de 1000 migrants originaires du Congo RDC, près de 250 du Burundi, 250 du Rwanda et 134 de Somalie ont été recensés en 2023.
En comparaison, l’année précédente avait enregistré 611 migrants congolais, 176 burundais, 136 rwandais et 39 somaliens. Cette explosion des chiffres met Mayotte face à une complexité migratoire inédite. Un défi majeur réside dans l’absence de laissez-passer consulaire pour faciliter le renvoi de ces personnes dans leur pays d’origine.
Gérald Darmanin avait évoqué des négociations avec les pays des Grands Lacs pour résoudre cette question, mais les développements récents de la scène politique en métropole ont pu détourner son attention de ces tractations. La préfecture indique qu’elle collabore étroitement avec la Tanzanie pour endiguer les départs, mais jusqu’à présent, aucune solution concrète n’a émergé.
Le problème se manifeste aussi dans le fait que de nombreux migrants arrivent à Mayotte sans ressources financières, se retrouvant dans une impasse géographique et diplomatique. Les échanges informels avec ces individus révèlent une détresse croissante, accentuée par l’absence de perspectives claires.
L’annonce de négociations avec la Tanzanie souligne l’ampleur du défi, mais la situation persistante suggère que des approches plus globales et concertées sont nécessaires. Mayotte se trouve à la croisée des chemins, confrontée à un afflux massif de migrants, avec des réponses concrètes qui semblent échapper, pour l’instant, à l’horizon politique et diplomatique.