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Le député Mansour Kamardine a rapidement réagi suite à l’annonce du plan « Mayotte: L’action de l’État pour votre quotidien ». Selon lui, la déception est au rendez-vous en raison de l’absence de prise en compte des priorités locales. Il ajoute: « La réponse à la grave crise sécuritaire et sociale que traverse Mayotte depuis plusieurs mois devait se décliner en 2 phases telles que décrites lors de la déclaration depuis Mayotte de la ministre des Outre-mer le 13 mars dernier.
La phase 1 qui consistait en la mise en place de mesures d’urgence sur 2 mois, de mi-mars à mi-mai, est un échec patent : dans les faits l’immigration clandestine s’est amplifiée. Ses deux derniers mois, au moins 6000 immigrés clandestins ont rejoint Mayotte au vu et sus de tous, en toute impunité et sans la moindre réaction des autorités de l’Etat (de l’aveux même de la ministre des Outre-mer une centaine de clandestins arrivent par jour à Mayotte). Les autorités comoriennes continuent à laisser leur population rejoindre illégalement Mayotte en masse et bloquent les reconduites.
Nous demandons l’amplification immédiate des mesures de rétorsion diplomatique en suspendant l’ensemble des appuis politiques français aux autorités comoriennes (Banque centrale européenne, Fond européen de développement, accords ACP, FMI, Banque Mondiale, OMC etc.). Nous devons nous montrer inflexible pour réaffirmer que les peuples comoriens sont des peuples amis mais que la politique de leurs dirigeants est une impasse mortifère.
Les autorités de ce pays ayant déclaré que « la France n’est pas un pays ami », nous ne devons avoir aucune hésitation ni remord envers ces dirigeants. Pour ce qui concerne la phase II qui vient d’être déclinée par la Ministre des Outre-mer ce jour à Mayotte, elle devait être une co-construction. Il n’en a rien été. L’Etat a continué à faire sa petite cuisine sur son petit feu. Il nous présente un plan de rattrapage sous dimensionné et éloigné des priorités des Mahorais :
1/ Sous dimensionné car il continue à faire de Mayotte le parent pauvre de la république en proposant un rattrapage partiel de l’ordre du tiers de celui escompté. La dépense annuelle de l’Etat par habitant (autour de 400 000 h en donnée réelle) va se situer sous les 4000€/an contre 5000€/an/h en métropole et 6000€/an/h en moyenne en Outre-mer.
2/ Eloigné des priorités des Mahorais car les priorités budgétaires du plan sont de permettre la fixation les populations arrivées illégalement à Mayotte en formatant les systèmes éducatifs et de santé en conséquence. De plus, je condamne l’attitude dilatoire systématique réservé aux priorités d’investissement des Mahorais qui consiste à lancer des études en lieu et place de prendre des décisions :
- Point de désenclavement de Mayotte par la construction d’une piste longue, l’accès au haut débit internet et le développement du port de Longoni qui sont les conditions de connexion aux grands flux économiques ;
- Point de mise à niveau suffisante du réseau routier, des infrastructures collectives et de maitrise du foncier permettant de favoriser le développement économique endogène ;
- Point de préservation du lagon qui est une partie conséquente du développement futur de Mayotte par la construction d’un réseau d’assainissement suffisant (économie bleue) ;
- Point d’égalité sociale par la présentation d’un agenda précis de mise en place du code de la santé et du code de la sécurité sociale ;
- Point de mise à niveau des infrastructures sportives (4 millions annoncés sur 70 millions nécessaires) alors que la pratique sportive est structurante dans un département où la majorité des habitants a moins de 20 ans.
Les multiples annonces, pour partie déjà dévoilées il y a 2 mois, même 6 mois pour certaines, sont certes intéressantes mais ne forment en rien un ensemble global suffisamment fort pour placer Mayotte sur la trajectoire d’un véritable développement durable. Le Gouvernement doit améliorer sa copie et doit le faire à travers une méthode nouvelle pour lui à Mayotte : la négociation.
Car il n’y a jamais eu de véritable négociation. L’Etat s’est borné à la concertation ce qui lui a permis d’exclure les priorités des responsables mahorais de son plan. Je demande une véritable co-construction. Maintenant que l’Etat a présenté sa vision des choses, qu’il la confronte avec celles des responsables mahorais, à travers une phase de réelle négociation.«