Violence à Majicavo Dubaï : témoignages poignants
Dans un Majicavo Dubaï ébranlé par la violence, les habitants témoignent de leur quotidien marqué par l’insécurité et la délinquance. Face à des gangs qui font la loi et des meurtres tragiques, la population se sent abandonnée. Pendant ce temps, les forces de l’ordre intensifient leur lutte contre le trafic de drogue, mais la tâche reste immense.
Majicavo Dubaï a été hier traversé par un nouvel épisode de violence, un énième malheureusement, et la population semble blasée face à ces situations qui restent, pour le plus grand nombre, choquantes. La rédaction de France Mayotte Matin s’est rendue sur place, à une encablure du magasin où travaillait le jeune homme de 20 ans assassiné, pour échanger avec la population locale sur les violences qu’ils vivent quotidiennement et sur le meurtre.
Les témoins n’ont pas voulu décliner leur identité, ayant peur des représailles, mais une chose est commune pour l’ensemble des personnes avec lesquelles la rédaction a échangé : l’empathie exprimée par la population pour les voyous n’existe plus. Un habitant du quartier a dit : « C’est un voyou qui s’est fait tuer par d’autres voyous, il était chef de gang, fin de l’histoire ». Un commerçant appuie : « Toute la vie du quartier est rythmée par l’insécurité et la délinquance. À partir de 16h00, nous commençons à fermer les magasins car il y a de la torture physique et morale. Nous en avons assez ». Un autre complète en disant : « Il y a 3 types de clients dans nos commerces : il y a ceux qui viennent acheter, ils ne sont pas assez nombreux ; il y a ceux qui viennent te voler et on en a marre ; et ceux qui viennent te parler parce qu’ils n’en peuvent plus ». Un habitant du quartier, qui travaille avec son fils dans un commerce, souligne : « C’est quand même très inquiétant maintenant qu’il y ait des armes à feu, car ils vont les braquer sur nous bientôt ».
Plus loin, un groupe de jeunes discute et explique : « On le connaissait, celui qui est mort. Il a fait de la prison à cause d’un vol. Il travaillait, avait un bracelet électronique, mais comme il était chef de bande dans le passé, ça lui a coûté la vie ». Un autre complète : « C’est une histoire de gangs de Majicavo. Il voulait le tuer parce qu’il savait des choses et il allait parler ». L’un des jeunes décrit : « Il a reçu un coup de machette, 3 balles au niveau de la poitrine et des coups de parpaing dans le visage. Il était méconnaissable après l’avoir vu, je n’ai pas dormi de la nuit ».
Il s’agit là d’une chronique usuelle de la violence à Majicavo Dubaï, un quartier lourdement à reconquérir et pour lequel rétablir l’ordre public est une gageure, car il s’agit plutôt de faire en sorte maintenant que les habitants se rappellent ce que veut dire vivre en paix et dans la sécurité. Le quartier est aujourd’hui miné par les gangs qui font la loi et par les chefs de gang qui font régner la terreur sur le village. L’enquête est en cours pour déterminer les circonstances réelles du drame et identifier les assassins.
Anne Constance Onghéna pour France Mayotte Matin