Dans un courrier envoyé aux élus de Mayotte, l’association des maires aborde un projet de placement de mineurs isolés aux Comores pour éducation et formation. Le document propose également un allègement du visa Balladur et des coopérations économiques et sanitaires avec les Comores, suscitant la controverse et la dissociation de plusieurs maires.
L’association des maires a envoyé hier un courrier aux élus de Mayotte. Ce courrier, destiné au ministre de l’Intérieur, est accompagné d’une synthèse d’une visite effectuée par une délégation d’élus et de représentants du culte mahorais s’étant déroulée en septembre à Moroni auprès de dignitaires locaux.
Cette synthèse est pour le moins surprenante : on y apprend que l’association des maires aurait abordé avec les autorités comoriennes la possibilité de mettre en place des internats pour y placer les mineurs isolés aux Comores. Les jeunes ainsi placés recevraient une éducation axée sur le savoir-être, la discipline et la formation à un métier. Ils resteraient aux Comores pendant deux ou trois ans. La délégation mahoraise se serait même engagée à alléger, voire supprimer, le visa Balladur. Par ailleurs, des parts de marchés publics se- raient réservées aux entreprises mahoraises aux Comores, et des échanges avec des étudiants mahorais dans l’université de Moroni pourraient être organisés. Les élus de la délégation mahoraise se seraient également engagés à faciliter les évacuations sanitaires vers l’hôpital de Mayotte pour les grands brûlés, via une convention qui pourrait être renouvelée, ainsi que pour les patients ne pouvant être soignés dans l’Union des Comores.
La délégation comprenait le maire de Pamandzi, son directeur de cabinet, le grand cadi Mahamoud Hamada Saanda, et plusieurs collaborateurs du Conseil Cadial. Les engagements pris dépassent largement les compétences de l’association des maires ou des participants de la délégation. Jamais, il n’a été question dans les documents officiels d’établir un internat pour les mineurs isolés aux Comores : l’accord de 2019 entre la France et l’Union des Comores prévoyait une coopération entre les deux États pour retrouver les parents des mineurs isolés aux Comores, projet auquel le pays voisin s’est bien gardé de participer. Comment le maire de Pamandzi, président de l’association des maires, peut-il s’engager sur le visa Balladur alors qu’il n’en a ni la compétence, ni l’attribution ?
Déjà, certains maires se dissocient de cette synthèse envoyée, dont le maire d’Acoua, qui expriment leur désaccord total. Le maire de Pamandzi, président de l’association des maires, devra sûre- ment fournir des explications aux élus locaux, ainsi qu’aux correspondants à Paris, car la sup- pression du visa Balladur ne semble pas être à l’ordre du jour pour le ministre de l’Intérieur, qui détient l’autorité pour le réexaminer.
Anne-Constance Onghéna, pour France Mayotte Matin