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L’eau est une denrée rare et comme chaque année elle va manquer en attendant la saison des pluies, nous sommes, en effet, pluvio-dépendants à 98%. Les scénarios sont devenus encore plus sombres car nous consommons plus d’eau que notre capacité de production de l’eau potable et ce avant même de parler de nos réserves.
L’association Les Naturalistes de Mayotte s’invite dans le débat public et formule des propositions :
» 2017 : en pleine période de pénurie d’eau, les autorités décident de solutions de court terme telles que le rehaussement de la retenue de Combani et l’extension de l’usine de dessalement. Trois ans plus tard, ces mesures ne sont toujours pas opérationnelles malgré des investissements de plusieurs millions d’euros.
2019 : devant la menace d’une nouvelle pénurie d’eau, notre association suggère une stratégie de long terme : la reforestation de Mayotte. On sait que le couvert forestier agit comme une éponge pour stocker les eaux de pluie. Une étude de l’ONF de 2017 a établi que la plantation de 100 hectares de forêt augmenterait de 400 000 m3 la disponibilité d’eau dans les rivières en saison sèche. Cette solution fondée sur la nature pourrait produire à terme la quantité d’eau dont l’île aura besoin. Mais pour cela deux conditions sont nécessaires :
- Mettre un terme immédiat à la déforestation qui représente actuellement près de 300 ha par an, ce qui diminue encore la ressource en eau ; la déforestation progresse 3 fois plus vite que la reforestation. Mayotte connait le plus fort taux de déforestation de tous les départements français.
- Engager un plan ambitieux de reforestation. Il faut replanter au minimum 2 000 ha de forêt dans les 10 ans à venir, ce qui est encore très loin de compenser les 6 000 ha de couvert forestier perdus entre 1987 et 2002.
On nous dira sans doute que l’opération coûte cher. Mais l’eau dessalinisée de Petite Terre revient beaucoup plus cher (quand l’usine fonctionne) que l’eau pompée dans les rivières, sans parler des projets de très court terme comme les navires tankers ou l’importation d’eau dessalinisée en bouteille… Des solutions de court terme seront peut-être provisoirement nécessaires mais ne peuvent être des solutions durables.
Cette crise récurrente de l’eau vient opportunément nous rappeler que les ressources de la nature, à Mayotte comme ailleurs, ne sont pas inépuisables. A l’échelle mondiale, le « jour du dépassement » fixe chaque année la date où l’humanité aura dépensé l’ensemble des ressources que la terre peut régénérer en un an. En 2020 c’était le 22 août.
La reforestation est une solution fondée sur la nature qui présente des avantages collatéraux appréciables : efficacité contre l’érosion des sols et l’envasement du lagon, protection des habitats naturels et de la biodiversité, stockage de carbone pour lutter contre le réchauffement climatique, protection contre les inondations et les glissements de terrain, création d’emplois dans les métiers de la nature.