Le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte regrette la pollution régnant sur l’île et déplore un déficit budgétaire structurel.
Syndicat mixte rassemblant les cinq intercommunalités de Mayotte depuis 2014, le syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets de Mayotte (SIDEVAM 976) a pour mission de collecter, en régie, et de traiter, dans le cadre d’une délégation de service public, les déchets ménagers et assimilés de Mayotte. À l’exception des ordures ménagères, le syndicat n’a jamais été en capacité, comme il s’y était engagé depuis 2017 auprès de la population à grand renfort de communication, de collecter régulièrement les autres déchets : déchets verts, encombrants, ferraille et équipements électriques et électroniques (D3E), à cause d’une gestion et d’un entretien inadaptés de ses moyens de collecte et de l’absence de toute déchetterie construite faute de foncier disponible.
Par conséquent, la population dépose sauvagement ses déchets, verts, ferraille, encombrants ou D3E dans l’espace public, ce qui favorise l’insalubrité ; elle jette également ses déchets « compostables » et recyclables avec les ordures ménagères destinées à l’enfouissement : cette pratique, écologiquement néfaste, renchérit le coût du traitement donc les participations financières des intercommunalités. Les communes mécontentes du service rendu mobilisent parallèlement des moyens de collecte pour pallier tout ou partie de la carence du syndicat. Or, dans le cadre d’une gouvernance défaillante accrue par le non remplacement depuis septembre 2018 du directeur général des services (DGS), le syndicat a mobilisé de façon irrégulière des renforts humains et matériels, coûteux et inefficients. Le syndicat a même commandé en 2019 une vingtaine de bennes à ordures, alors qu’il s’était engagé à d’abord revoir l’organisation de sa collecte.
La mise en oeuvre du nouvel organigramme, l’échec de recrutements importants (DGS, ressources et moyens, commande publique), le remplacement de cadres par des agents moins qualifiés à des directions essentielles (collecte et ressources humaines), la création de postes à l’utilité discutable (assistants, chargés de mission) ont affaibli le syndicat et facilité en fin de mandat des circuits de décision et d’exécution parallèles à la direction générale. Résultat, le syndicat connaît de graves dysfonctionnements : l’absence totale de mise en concurrence et de marchés publics pour des volumes d’achats élevés, comme la location de véhicules de collecte ; des recrutements et des compléments de rémunération irréguliers, à des agents comme au directeur de cabinet et au chargé de mission, l’octroi de congés extra légaux au personnel ; l’engagement juridique de dépenses par le président sans engagement comptable ; le défaut de contrôle de la gestion déléguée du centre d’enfouissement et des quais de transfert.
Cette désorganisation et les dépenses associées sont à l’origine du déficit budgétaire structurel fin 2019, tant en fonctionnement courant qu’en investissement : il a annihilé les dernières réserves budgétaires, héritées des anciens syndicats à leur fusion. Ainsi, le syndicat poursuit d’importantes opérations d’équipement sans capacité d’épargne, ni subventions pour certaines d’entre elles. Les conclusions, au début du nouveau mandat, de l’étude d’optimisation de la collecte et de l’audit financier et organisationnel lui offrent l’opportunité de mettre à niveau ses compétences dans le respect des objectifs régionaux d’élimination des déchets ménagers ; il doit également redresser sa situation financière en mettant enfin en oeuvre la logique de rationalisation pertinente qui a présidé à sa création.