23h12 :
Paris, Marseille, Brest…le groupe de réflexion mahorais GSM976 sillonne actuellement plusieurs villes métropolitaines afin de présenter une conférence inédite sur « Mayotte, le dernier département de France et son histoire moderne depuis 1958 ». Ainsi, Zaidou Bamana et Alain Kamal se font les porte-paroles du message à transmettre.
Samedi 4 octobre dernier, c’est dans la capitale bretonne que les deux conférenciers ont tenu en haleine une vingtaine de personne, toute originaire de Mayotte mais habitant Rennes. Enfants, étudiants, jeunes actifs, artistes et autres s’étaient donné rendez-vous pour l’occasion.
Appuyés par le réseau régional d’association mahoraise, Zaidou Bamana et Alain Kamal ont esquissé des pistes réflexions et préconisations afin de permettre la continuité du « projet pour Mayotte », projet porté historiquement par les femmes mahoraises à travers l’héritage idéologique des Chatouilleuses et d’autres grandes figures mahoraises telles que Younoussa Bamana.
Dans la réussite de ce dessein, toucher la diaspora et la rendre partie prenante des enjeux est une dimension cruciale. Souvent lassée par le constat de la stagnation mahoraise, cette diaspora a tout un rôle à jouer dans la reprise du flambeau pour le développement du 101ème département.
Le combat pour la départementalisation de Mayotte impulsé en 1958 est loin d’être terminé car « être département n’est qu’un statut, à nous désormais de faire en sorte que cette départementalisation soit réussie, malgré les manquements de l’Etat » expliquait Zaidou Bamana.
Prendre conscience des insuffisances étatiques à assurer sa première mission régalienne, la sécurité, tout en prenant conscience de la responsabilité de la population mahoraise et des élus est un impératif au décollage économique de Mayotte. Plusieurs points ont alors été mis en avant.
Du côté de l’exécutif, le constat des conférenciers est simple : il est nécessaire que les parlementaires mahorais travaillent de concert pour présenter un projet de loi efficace qui poserait les bases légales d’un possible développement de Mayotte, en abordant diverses questions comme sur le droit du travail, l’éducation et la santé. Pourtant, si le GSMP976 ne cesse de plaider pour cette cause, aucun parlementaire ne semble emprunter cette issue, au grand damne de la population mahoraise qui est la première à souffrir de cette inactivité.
Du côté de la population, un réveil des consciences collectives s’impose. L’héritage des Chatouilleuses, qui se sont battues bec et ongle pour la liberté affiliée à l’indépendance vis-à-vis des Comores, doit être porté par une jeunesse mahoraise active et par une population native aux aguets. Les récentes grandes manifestations contre la feuille de route portée par le gouvernement sont la preuve qu’il est possible de réveiller cette population qui doit prendre son destin en main, comme l’ont fait les femmes mahoraises au siècle dernier.
En somme, il en va de l’image de notre département à l’extérieur. Il est communément admis que les médias nationaux et régionaux mettent en avant les tares de la sociétés mahoraises, sans chercher à aller au fond du problème. Immigration clandestine incontrôlée, habitat insalubre avec la poussée des bidonvilles, insécurité grandissante…Si le GSM976 tient à sensibiliser la population mahoraise, c’est aussi pour qu’elle se donne les moyens de rayonner grâce à ses richesses culturelles, sa biodiversité particulièrement florissante et aux valeurs fondatrices de Mayotte moderne : une île qui ne peut se soumettre « au régime dictatorial comorien et qui s’est battue pour obtenir sa liberté » selon Alain Kamal.
Et c’est à travers l’apprentissage de son histoire et l’envie de participer citoyennement à la réussite de l’île que le développement sera possible.
Vendredi 10 novembre, Zaidou Bamana et Alain Kamal tiendront une conférence à Paris.
Ludivine Ali
Crédit photos : copyright A.H YasR