le collectif des citoyens de Mayotte 2018 adresse à la presse un communiqué pour inviter la population mahoraise à une manifestation contre la crise de l’eau le 27 septembre prochain :
» De l’eau pour tous, sans discrimination !
La crie de l’eau a pris une ampleur dramatique à Mayotte. La population de l’île est privée d’eau 2 jours sur trois. L’eau du robinet distribuée aux ménages est polluée, boueuse, infestée de bactéries, impropre à la consommation. Cette situation est inacceptable.
Comme annoncé par le Ministre délégué chargé des Outre-mer, une unité militaire de sapeurs-sauveteurs de la sécurité civile est arrivée à Mayotte, pour participer à la production et à la distribution d’eau potable. Le Collectif dénonce cette mascarade, car l’utilisation des crédits européens consacrés à la réalisation du Plan Eau Mayotte aurait pu éviter la crise actuelle.
Pour pallier au manque d’eau, la préfecture a décidé d’importer 600 000 bouteilles de La Réunion. La politique commerciale du Tanker d’eau est ainsi mise en œuvre. La dépendance de Mayotte vis-à-vis du département voisin est ainsi institutionnalisée. C’est une honte ! Nous refusons cette mise sous tutelle. Il en va de la dignité des Mahorais et des Mahorais !
La population mahoraise ne demande pas l’aumône, elle n’est pas disposée à accepter une aide indécente qui la réduit au statut d’indigents. Les insultes, ça suffit ! La provocation, ça suffit ! Le Collectif s’oppose avec la plus grande fermeté à cette politique de la mendicité que l’Etat applique à Mayotte.
Pour la distribution de ces bouteilles d’eau, la préfecture a retenu un critère de vulnérabilité qui exclue la population mahoraise au bénéfice des populations immigrées installées dans les bidonvilles. Cette discrimination démontre le cynisme du gouvernement.
Le Collectif s’insurge contre cette ségrégation communautaire opérée avec la volonté de nuire. Aucune sélection malveillante ne doit être faite dans un cas de force majeure. Il faut de l’eau pour tous ! Et en quantité suffisante pour les 600 000 habitants de l’île privés d’eau.
La société civile demande que les CCAS soient en charge de cette distribution, sous l’autorité des 17 maires et sous le contrôle des polices municipales. La supervision de l’armée est inutile, Mayotte n’est pas une zone de guerre, ni un camp de réfugiés climatiques.
Depuis le 3 juillet 2023, l’État a gelé le prix de l’eau embouteillée, mais la spéculation de cette denrée essentielle la rend encore plus rare et chère. L’augmentation abusive du prix de l’eau au supermarché ou dans les boutiques de proximité résulte d’une crise qui n’a que trop duré. Le prix de l’eau est un des éléments de la vie chère, par conséquent, nous devons lutter contre l’inflation des prix à toutes les échelles, en commençant par les tarifs prohibitifs de l’eau.
Manifestation populaire mercredi 27 septembre 2023
Place de la République
Le gouvernement impute la crise de l’eau à la sécheresse, il souligne que la saison des pluies 2022-2023 est la plus sèche de l’histoire de Mayotte après celle de 1997. Cette affirmation est trompeuse.
En effet, la catastrophe que vit Mayotte est systémique, le désastre est en grande partie due au manque d’équipements et à la vétusté des infrastructures hydrauliques. La crise de l’eau est une preuve supplémentaire du sous-développement de notre territoire.
Rassemblés à Tsingoni ce mardi en réunion de crise, le collectif appelle la population à une manifestation de protestation mercredi 27 septembre, votre présence massive est vivement souhaitée, car il s’agit de défendre nos droits à l’eau potable et à l’assainissement.
Cette mobilisation a pour objet de dénoncer la gouvernance catastrophique du syndicat des eaux, la gestion prédatrice de la SMAE, et la communication mensongère de l’ARS sur la potabilité de l’eau.
La crise de l’eau menace notre vie quotidienne et la scolarité de nos enfants. Nou comptons sur votre présence pour dire à l’Etat et aux élus de mettre en œuvre une politique de l’eau digne d’un département français.
Les coupures, restrictions et tours d’eau montrent que l’Etat manque à toutes ses responsabilités envers les citoyens contribuables, à tous ses devoirs républicains, tandis que les élus brillent par leur inconséquence et leur couardise.
Il faut que le ministre délégué à l’Outremer, de retour à Mayotte à la fin du mois, sache que cette situation qui perdure depuis 20 ans est une honte pour la France, la Nation des droits de l’homme. »