Air Austral et Corsair ont annoncé il y a quelques jours travailler main dans la main pour trouver des accords commerciaux et ainsi mieux lutter contre la crise covid qui frappe le secteur, mais aussi proposer de meilleurs services et pourquoi pas, des meilleures conditions tarifaires.
A Mayotte, l’annonce a fait des émules en. Nourrissant la crainte d’une “entente” qui serait défavorables aux usagers. Mais il n’y a pas que sur le département que les craintes sont nourries, elles le sont également au plus haut niveau à La Réunion. En effet, la présidente de région Huguette Bello s’est émue de ce rapprochement et a même écrit au gouvernement.
Elle met ainsi en garde le chef de l’Etat contre la tentation d’une fusion entre la compagnie réunionnaise et Corsair. L’Etat pousserait en effet les deux compagnies aériennes à se rapprocher dans le cadre d’un actionnariat unique, sous la forme d’une holding
« Il apparaît aujourd’hui que les services de l’Etat (…) conditionnent la mobilisation des aides à une restructuration capitalistique d’Air Austral, qui se traduirait sous la forme d’une holding avec la compagnie Corsair. Il apparaît ainsi que les difficultés conjoncturelles auxquelles la compagnie Air Austral est confrontée (…) sont exploitées pour la contraindre à un mariage avec Corsair » s’inquiète la présidente de la région Réunion.
L’Etat tablerait effectivement sur un « rapprochement capitalistique » entre les deux compagnies, à travers la mise en place d’un actionnariat unique. Celui-ci pourrait alors inclure la Région, actionnaire d’Air Austral via la société Sematra, mais aussi les actionnaires de Corsair et de nouveaux investisseurs privés. Les deux compagnies resteraient donc autonomes mais regroupées sous forme d’une « holding », soit un regroupement de participations financières sous une même unité de direction.
« Une telle approche est inacceptable et signerait la disparition d’Air Austral, sous sa forme de compagnie aérienne réunionnaise » tempête Huguette Bello dans son courrier.
Or,
Air Austral a obtenu une enveloppe de 60 millions d’euros d’aides. Sur ce total, 25 millions ont d’ores et déjà été injectés par la collectivité régionale. Sur les 30 millions d’euros attendus de la part de l’Etat, 10 millions ont été versés et 20 millions sont toujours attendus. Dernier versement, 5 millions d’euros venant de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), qui restent dus.
« Les Réunionnais ne comprendraient pas que la survie de la compagnie soit compromise du fait de la non réalisation des engagements pris par l’Etat » poursuit Huguette Bello qui ajoute : « C’est un scénario catastrophe qui se dessine, si les aides attendues de l’Etat et de la Caisse des dépôts et consignations ne sont pas mobilisées. »
Selon la présidente de Région, « la compagnie risque une rupture de trésorerie durant la dernière semaine du mois en cours, avec un déficit annoncé de 10 millions d’euros ».
Pour le ministère de l’Economie et des Finances, un mariage entre les deux compagnies permettrait des économies sur les aides attribuées au secteur aérien.
Pour l’heure, les deux compagnies aériennes ne font aucun commentaire sur le sujet…
Source : Imaz Press Réunion