Le tribunal correctionnel jugeait hier une affaire comme on en voit souvent à Mayotte : l’agression d’un couple de métropolitains en pleine nuit, à leur domicile, par une bande de jeune.
À la tête de ces jeunes un homme de 19 ans, Abdallah, accompagné de plusieurs mineurs de 15 ans. Le prévenu, majeur au moment des faits, écopait finalement de plusieurs années de prison ferme. Cette scène potentiellement dramatique qui se déroulait dans la nuit du 2 au 3 mars 2019 prenait ses racines dans une soirée alcoolisée au hub de Kahani. Là bas, le prévenu Abdallah et plusieurs comparses de 15 ans décident alors de commettre un cambriolage. Ils voient passer un véhicule avec à son bord un couple de métropolitains, et décident de les suivre.
C’est alors que le cauchemar commence.
Dans la nuit, les deux victimes installées sur la terrasse du domicile, entendent du bruit. Ils pensent d’abord à des chiens errants, avant d’identifier des bruits de pas. Se levant, l’une des victimes voit deux individus sauter le portail et se précipiter sur la terrasse. Le métropolitain, par réflexe, fonce en direction de la salle à manger pour s’emparer d’un chombo. Les deux individus étaient, selon les victimes, armés d’un ou plusieurs coupe-coupe. Ils bataillent alors ensemble, tandis qu’un autre individu arrive armé d’une chaîne surmontée d’un cadenas, avec laquelle il fera du dégât.
Le quatrième complice fait le guet à l’extérieur, et donnera l’alerte en sifflant au moment de l’arrivée des gendarmes. En plein milieu de l’agression, alors que les victimes parviennent bien aidés par la moustiquaire à contenir les assaillants sur la terrasse, le prévenu Abdallah décide de manger un gâteau laissé sur la terrasse. « J’avais bu, j’avais la dalle » déclarait-il dans ses dépositions. Une pause goûter en pleine agression, il fallait y penser. La terrasse est ensuite ravagée par la bande, une carafe à vin volée.
Il sera ensuite établi, par les différentes dépositions que l’individu avait également consommé de la chimique et du bangué ce jour là, comme c’est commun dans ce genre de faits divers. Selon le bilan psychologique, l’individu ne présente aucune anomalie psychique, mais une personnalité mal structurée qui peut aider à comprendre le parcours de délinquant déjà riche comme « une quête d’identité à l’intérieur d’un groupe ».
La juge lira alors une lettre de la victime, désormais hors du territoire, laquelle s’attardait longuement sur le lourd traumatisme psychologique subit. Voilà qui achèvera de convaincre le tribunal, lequel ira dans le même sens que les réquisitions du procureur : Abdallah sera finalement condamné à 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt, et devra verser 5000 euros de préjudice moral, et 7000 euros de préjudice matériel à l’une des victimes.