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Le Premier Ministre l’a annoncé à l’occasion d’une conférence de presse sur le perron de l’hôtel Matignon, le second tour aura lieu le 28 juin sauf si les conditions sanitaires se dégradent et qu’une telle perspective ne peut plus garantir la sécurité des électeurs et des personnels des bureaux de vote.
Au niveau national, ce scrutin va concerner 5 000 communes et 1100 intercommunalités. A l’échelle de Mayotte, 16 communes devront organiser ce second tour. Aucune des 5 intercommunalités n’est en mesure, par ailleurs, de disposer d’un conseil communautaire renouvelé. Ce sera donc une journée à très fort enjeu démocratique et sanitaire pour l’île aux parfums dont on ne sait pas encore quand le pic de l’épidémie sera atteint.
Lors de son allocution, le Premier Ministre est revenu sur le contexte qui a prévalu en mars à maintenir le déroulement du premier tour du scrutin : « nous avions décidé de maintenir le premier tour des élections des municipales le 15 mars, la décision a été parfois contestée mais assumée, j’assume avoir considéré qu’un bureau de vote était un lien indispensable à la vie démocratique du pays, j’assume avoir considéré qu’au regard de l’organisation déployée qu’il n’y avait ce jour pas plus de risques à aller voter qu’à aller faire ses courses. J’assume cette décision car dans une démocratie rien ne peut justifier d’annuler un scrutin la veille du jour où il doit se tenir. Le premier tour s’est tenu avec un taux d’abstention toutefois significatif ».
Pour l’organisation du second tour, le Gouvernement avait annoncé qu’aucune décision ne serait prise sans l’avis du conseil scientifique, cet avis favorable sous certaines conditions à la tenue du scrutin a été rendu public mardi dernier par le Premier ministre. Le lendemain, Edouard Philippe a réuni les forces politiques du pays pour aborder la question de la date de la tenue de ce second tour avant de prendre une décision « la question n’a pas fait consensus, les arguments qui sont proposés s’opposent mais sont puissants » précise le Premier ministre.
Certaines familles politiques auraient mis en avant comme argument « contre » qu’une élection avec une campagne qui ne peut se dérouler en allant à la rencontre des électeurs pour proposer le projet poserait des questions de sincérité du scrutin et qu’il serait plus clair de reprendre les choses à zéro plus tard. D’autres ont souligné la nécessité d’apprendre à vivre avec le virus, donc la démocratie locale doit se vivre avec et ne pas être mise entre parenthèses. D’autres ont mis en avant le rôle clé des communes et des intercommunalités dans la relance et donc la nécessité de disposer des exécutifs indispensables à la prise de décisions. Par ailleurs, un nouveau report est empreint d’incertitudes : qui peut dire que la situation sera significativement meilleure dans quelques mois ?
Le Gouvernement a donc tranché, le second tour se déroulera le 28 juin, le texte sera présenté au président de la République le 27 mai. Cependant, d’ici deux semaines, le conseil scientifique sera à nouveau mobilisé pour savoir si les conditions sont toujours réunies, si ce n’est pas le cas les deux tours seront rejoués avant janvier prochain. La Ministre de la cohésion des territoires avait annoncé que le texte serait soumis au Parlement, la date n’a pas été précisée lors de la conférence de presse du Premier ministre.
S’agissant de notre département, tous les électeurs à l’exception de ceux de Dzaoudzi-Labattoir seront appelés aux urnes afin de déterminer qui doit être Maire, la liste emmenée par Saïd Omar Oili ayant été élue dès le premier tour. Au-delà, des conditions sanitaires et logistiques qui seront précisées dans les prochains jours, ce scrutin se déroule dans un mois et nous sommes toujours confinés, même si l’heure est toutefois au desserrement des contraintes.
Sur le fond, comment cette crise sanitaire va impacter les électeurs et leurs opinions ? Le scrutin du 28 juin sera-t-il la suite logique du premier tour du 15 mars ou bien toutes les difficultés traversées ces dernières semaines vont avoir un impact sur les choix de celles et ceux qui seront amenés à se prononcer ?
Dans certaines communes, dont les maires sortants étaient en ballotage favorable, l’occasion a été donnée aux Maires et à leurs équipes de convaincre de leur efficacité dans la gestion de la crise, la distribution de l’aide alimentaire a pu aussi jouer en faveur des sortants. D’un autre côté, les difficultés du confinement, les actes de délinquance qui se sont produits ont aussi exacerbé les tensions entre les habitants. Cette crise sanitaire pourrait aussi être l’occasion d’un vote sanction ou de mécontentement à l’égard du Gouvernement. Le contexte de la crise sanitaire, du confinement, des difficultés économiques personnelles et des entreprises peut rendre plus confus le scrutin, les électeurs sont censés voter pour des projets locaux et pour le développement territorial des 6 prochaines années, alors qu’en réalité, le Covid 19 occupe tous les esprits depuis le premier tour. Le centre d’intérêt principal des électeurs peut se déplacer sur le terrain global à défaut des enjeux locaux.
Du côté du Gouvernement, la décision de maintenir le scrutin le 28 juin est bien logique, les électeurs sont encore un peu sonnés par le confinement et les privations de liberté. A l’heure où de nombreuses enseignes sont menacées de disparaitre, il vaut mieux organiser une opération de vote avant la vague de licenciements qui se profile et dont les électeurs rendront responsable le Gouvernement très probablement.
La campagne est donc bien repartie, alors que le confinement est toujours de mise. Les alliances vont pouvoir se dénouer et se renouer pour rebattre les cartes du développement territorial de Mayotte.
Anne Constance Onghéna
Pour France Mayotte matin
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