La France est le premier bailleur des Comores, selon un rapport sur l’économie de l’Union des trois îles. Une aide de plus de 100 millions d’euros.
Signé en juillet 2019, l’accord cadre entre la France et Les Comores prévoit 150 millions d’euros sur 3 ans pour l’Union des Comores. En contrepartie d’une lutte contre le départ des ressortissants comoriens vers Mayotte. Près d’un an et demi après cette signature, le flou persiste autour de ce document. Notamment en raison d’engagements non tenus de la part du pays voisin.
En effet, les kwassas continuent d’affluer sur les plages de l’île. Par ailleurs, le gouvernement comorien a profité de la crise sanitaire pour, une fois de plus, interdire les reconduites à la frontière vers Mayotte. Certains élus locaux, comme le sénateur Thani, voulaient croire en cet accord. Ils en sont aujourd’hui réduits à réclamer des comptes à la diplomatie française. En attendant d’y voir plus clair sur le futur de ce document et des engagements mutuels entre les deux pays, la France reste le premier bailleur de l’Union des Comores.
Selon le Fond Monétaire International (FMI), l’aide publique au développement (APD) finance 55 % du budget de l’Etat comorien en 2020. L’APD représente aujourd’hui 87 euros par habitant. Le 1er bailleur du pays est sans surprise l’Agence Française de Développement avec 104 millions d’euros investis entre 2014 et 2018. L’AFD intervient dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’eau, de l’environnement, du climat, et de l’appui au secteur financier et privé.
Les mêmes domaines qui ont été retenus comme prioritaires pour dépenser les 150 millions de l’accord cadre. La Banque Mondiale est le 2ème bailleur des Comores. Elle a financé 48 millions d’euros soit moitié moins sur la même période. Enfin, et c’est à noter, l’Union Européenne est le 3ème bailleur à travers le Programme Indicatif national 2014-2020. Cela représente 68 Millions d’euros, finalement ramenés à 22 Millions. Ce programme se concentre sur la gestion des finances publiques, la formation et l’insertion professionnelle et l’intégration régionale.
Les Comores, un pays émergent avec l’aide de la France ?
L’argent investi n’a cependant pas joué en faveur du taux de pauvreté. Il est resté de l’ordre de 19 à 20% de la population entre 2014 et 2018. En effet, les investissements ont été concentrés dans les domaines de l’éducation, les infrastructures ou encore l’aide alimentaire. Pas de quoi améliorer durablement le niveau de vie des comoriens. On apprend également, là encore sans grande surprise, que l’économie comorienne est minée par la faiblesse des infrastructures. Ainsi que par les difficultés de gouvernance qui pèsent sur l’environnement des affaires.
Les entreprises de petite taille, relevant en grande partie du secteur informel, constituent le socle de l’économie du pays voisin. De quoi rappeler ce qui se passe à Mayotte, où immigration et secteur informel sont intimement liés. Les services tels que l’administration, les télécommunications ou encore le tourisme sont ceux qui favorisent le plus la croissance, avec 55 % du PIB.
Le FMI a ainsi maintenu le risque de non-soutenabilité de la dette des Comores à « modéré » en juin 2020. Cela pourrait inciter une reprise des engagements des bailleurs pour relancer l’économie comorienne. Cette dernière est frappée, comme le reste du monde, par la pandémie de Covid-19.
À quelle hauteur la France investira dans les prochaines années, afin notamment de soutenir le Plan Comores Emergent 2030 ? La question se pose alors que le quai d’Orsay reste désespérément muet quant aux relations entretenues avec le pays voisin. Ainsi qu’avec ses hommes politiques, qui ne cessent de réclamer le 101ème département français.
Un article de Pierre Bellusci, à retrouver dans le France Mayotte Matin du mercredi 9 décembre.