Lundi dernier, à l’issue de la destruction du bidonville de Kahani, plus d’une vingtaine de personnes ont été hébergées temporairement, conformément à l’article 9 de la loi Elan. Comment cet hébergement est-il organisé ? Comment ces familles françaises ou en situation régulière sont-elles ensuite aidées dans leurs démarches ? Sont-elles ensuite prioritaires pour accéder aux logements sociaux SIM ? Patrick Bonfils, directeur de la DJSCS, nous donne quelques éléments de réponse.
Sur les 400 habitants du bidonville de Kahani, 27 ont formulé une demande d’hébergement temporaire. A l’arrivée des engins de chantier et des forces de l’ordre, ces familles étaient déjà relogées depuis quelques semaines, grâce à l’impulsion de la DJCSC et de l’ACFAV. Comme nous l’explique Monsieur Bonfils, le travail commence largement en amont. Ainsi, bien avant la destruction de cases en tôle, les collaborateurs de la DJSCS ainsi que des associations mandatées (en l’occurence l’ACFAV) se rendent sur le terrain pour y mener des enquêtes sociales. Allant directement dans les cases, ils rencontrent alors la population pour parler du dispositif, enquêter sur la composition familiale, expliquer ce qu’il va se passer. C’est alors que les enquêteurs demandent aux populations qui pourraient être concernées si elles souhaitent être relogées où trouver un autre endroit d’elles-mêmes. Ils se rendent ainsi plusieurs fois sur le terrain pour s’assurer que le dispositif a bien été compris : il s’agit de leur fournir un hébergement provisoire le temps qu’ils se retournent, ou qu’ils puissent être accompagnés vers une solution de logement plus pérenne qu’ils seraient en capacité de payer. Car, comme le rappelle M. Bonfils, certaines familles payent jusqu’à 200 euros de location à des marchands de sommeil pour leurs cases en tôle.
« Quand on leur explique qu’avec 200 euros ils peuvent avoir des logements sociaux en dur, ils ne le savent pas, et ça permet de les accompagner dans le montage d’un dossier », explique le directeur de la DJSCS. Et en effet, les vrais hébergements en durs peuvent présenter des coûts inférieurs à 200 euros, sans compter les différentes aides au logement, l’APL, etc…
Combien de temps, alors, la réalité de l’hébergement temporaire peut-elle durer ? Cela dépendra de la facilité des relogés à s’insérer dans un vrai logement. Comme l’explique M. Bonfils « on a eu une famille hébergée pendant 2 semaines : leur compréhension des dossiers a été tellement rapide qu’ils ont pu facilement accéder à des logements ». Certains restent deux mois, d’autres six. La période est aléatoire et personnelle, mais n’excède jamais un an, constituée de période de 3 ou 6 mois renouvelables.
Des logements en durs qui sont meublés, et accessible immédiatement, où les occupants seront ensuite accompagnés dans les démarches par l’ACFAV, Mlézi Maoré, les municipalités mises dans la boucle pour envoyer des assistants sociaux, des conseillers pour la gestion du budget, la caisse de sécurité sociale pour les droits et aides auxquelles les familles ont droit…
Le montant des loyers dépend des revenus des personnes logées, calculés en fonction de l’enquête sociale préalable qui détermine leurs capacités financières.
Ces familles sont ainsi rendues prioritaires sur les différents logements sociaux sur le territoire, à l’instar du village relais à Tsoundzou. A noter que les familles sont toutes françaises, ou possédant un long droit de séjour : « Ces accompagnements très forts se font évidemment sur des familles qui ont le droit d’être ici », précise M. Bonfils.
Ainsi, les différentes familles de Kahani sont actuellement réparties dans 8 logements à Chiconi ainsi que du côté de Mamoudzou, où elles attendent de pouvoir trouver un logement pérenne. Un dispositif qui semble bien huilé et qui mobilise de nombreuses associations et institutions. Et il pourrait bien tendre à se multiplier, puisque le préfet annonçait récemment les nombreuses opérations de démolition de bidonvilles prévues pour l’année 2021, et ce à l’heure où les constructions de logements sociaux fleurissent aux quatre coins de l’île.
Mathieu Janvier
Pour France Mayotte matin