Le président du Conseil départemental, Ousseni Ben Issa joue son va-tout politique. Après avoir rejeté la loi Mayotte de Sébastien Lecornu sans reprendre en main la question du développement de Mayotte, il doit désormais réussir à faire avancer les problèmes de l’institution départementale face à Élisabeth Borne. La partie est loin d’être gagnée car le Conseil départemental attend un chèque de plusieurs dizaines de millions d’euros pour boucher les trous, pas pour relever les défis du développement.
Le vote du budget pour 2023 du Conseil départemental a mis en avant des difficultés financières réelles de l’institution qui peine à faire face à ses charges. En effet le président Ben Issa soulignait que les transports scolaires coûtaient désormais plus de 45 millions d’euros chaque année pour un résultat dont on sait qu’il ne satisfait personne. Il a ainsi expliqué que dans les prochaines années la gouvernance devait évoluer pour intégrer les intercommunalités dans le financement de cette prestation.
Madi Velou, le vice-président chargé des affaires sociales a annoncé également que si l’Etat ne compensait pas de manière concrète et réelle le financement de toutes les questions sociales relatives à la prise en charge des conséquences de l’immigration clandestine en l’occurrence l’aide sociale à l’enfance et le financement des PMI, à compter du premier juillet le Conseil départemental ne recevrait plus dans les PMI de personnes non assurées sociales.
Madi Velou a expliqué que des démarches étaient en cours auprès de la préfecture pour obtenir une participation financière de l’Etat à la hauteur des dépenses engendrées ne manquant pas de souligner que l’immigration clandestine est le résultat d’une surveillance des frontières insuffisante et que le financement des conséquences du manquement ne pouvait pas incomber au seul Conseil départemental.
Le président Ben Issa a enchaîné une série de rendez-vous à Paris avec Élisabeth borne Gérald Darmanin, Jean-François Carenco et Charlotte Caubel notamment sur les questions de la prise en charge financière de l’aide sociale à l’enfance.
Selon des sources proches du dossier quand bien même la menace du Conseil départemental ne serait que politique, la situation financière de l’institution ne permettra pas de prendre en charge au-delà du premier juillet le financement de prestations qui ne sont pas compensées.
Cette situation financière contrainte serait-elle la cause d’une forme d’immobilisme qui s’abat sur le CD976 ? La mandature de l’équipe BIO peine à décoller, si les problèmes d’argent sont très lisibles dans le budget, le sens de l’action lui n’est pas évident à trouver ce que ne manqueront pas de lui faire remarquer ses interlocuteurs à Paris.
Par ailleurs, les rencontres avec Elisabeth Borne qui a la main haute sur les décisions issues du CIOM pourraient être vues comme un signe positif de Paris car rappelons-le Emmanuel Macron et son gouvernement sont en difficulté politique, la réussite du CIOM est aussi un gage de la capacité du président de la République à tenir les engagements pris au mois de septembre dernier à l’Élysée.
Au moment même où l’appel au secours pour des politiques plus justes et adaptées aux réalités locales des départements d’outre-mer depuis Fort de France est célébrée, tous les présidents d’exécutifs ultra marins défilent à Matignon pour faire entendre leurs causes. BIO joue donc serrée alors que le CIOM pourrait être l’occasion pour Paris de démontrer qu’Emmanuel Macron ne faisait pas de politique politicienne faite de belles promesses sans lendemain avec les élus ultramarins…
Anne-Constance Onghéna
Pour France Mayotte matin