novembre 19, 2024

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Affaire Roukia : renvoi du jugement au 1er avril 2021

Le jugement pour la fameuse affaire Roukia a été repoussé au 1er avril 2021. Le contrôle judiciaire pour tous les prévenus a été levé.

En novembre 2015 s’est ouvert au tribunal correctionnel de Mamoudzou, ce que d’aucuns ont appelé le procès de la décennie : l’affaire Roukia. Une jeune femme à peine majeure avait trouvé la mort après avoir consommé de l’héroïne. Problème, le produit stupéfiant avait été remis en circulation par les hommes du Groupement d’Intervention Régional, le GIR. Mais c’est un volet encore plus trouble qui revient à la barre de la prochaine session correctionnelle qui appelle 8 personnes à comparaitre dont l’ancien patron du GIR, Gérard Gautier. Explications…

L’affaire Roukia… Une jeune femme retrouvée morte sur une plage de Trévani en janvier 2011 dont le corps avait été abandonné par son petit ami Mathias Belmer. Après des mois d’enquête et de procédures judiciaires conduites par le juge d’instruction Hakim Karki, le prévenu sera reconnu coupable et condamné à 5 ans de prison pour recel de cadavre mais aussi et surtout pour homicide involontaire en ayant fait consommer à la malheureuse ce qui se sera avéré être de l’héroïne. Sans revenir sur ce dossier compliqué et à multiples tiroirs, il convient cependant de revenir sur l’instruction qui a rapidement démontré que le produit stupéfiant avait été remis en circulation par le Groupement d’Intervention Régional (GIR) avant de se retrouver dans l’organisme de Roukia.

Comment et pourquoi ? A cette époque, le GIR était sans doute l’un des meilleurs groupements de France en matière d’affaires de trafics de stupéfiants. 173 kilos de bangué saisis par-ci, 60 kilos par-là, 4 kilos de cocaïne qui ne seront en fait que de la poudre de manioc, bref, les coups de filet s’enchainaient à grand coups de communiqués de presse et de convocations de journalistes mis au pli pour servir une communication bien huilée. Mais avec l’affaire Roukia, le juge Karki et les enquêteurs de la brigade de recherche de gendarmerie découvriront que ces saisies de drogues pouvaient faire l’objet de coups d’achat. En clair, les hommes du GIR étaient suspectés de travailler avec des indicateurs et de faire venir à Mayotte des produits stupéfiants pour procéder à de nombreuses arrestations servant copieusement les statistiques.

Ce n’est pas illégal sur le papier si la justice est mise au courant et si elle a donné son quitus, ce qui ne sera pas le cas, le procureur de la République de l’époque et ses substituts ayant toujours indiqué ne pas avoir été avertis de dossiers de drogues importées… Ainsi, si le GIR avait eu à s’expliquer de ces faits dans le cadre de l’affaire Roukia, notamment le patron du groupement Gérard Gautier, le fond de l’affaire semblait pour sa part occulté. Ce n’est pas le cas car il revient sur le devant la scène aujourd’hui à la barre du tribunal correctionnel avec Gérard Gautier qui doit comparaitre comme prévenu cette fois et non qualité de témoin assisté comme lors du procès Roukia, avec pour chef d’accusation : “importation non autorisée de stupéfiants – Trafic commis du 1er janvier 2011au 24 février 2011 à Mayotte – détention non autorisée de stupéfiants commis du 1er janvier 2011 au 24 février 2011 à Mayotte”. Le tout s’est donc déroulé à la période de la mort de la jeune Roukia faut-il le préciser…

Un autre agent du GIR (aujourd’hui dissout), Christophe Le Mignant comparaitra sous les mêmes chefs d’accusation. 6 autres personnes sont quant à elles accusées “d’aide au séjour, à la circulation d’un étranger en France commis du 1er janvier 2009 au 17 décembre 2010”. Et oui, importer de la drogue pour opérer des saisies se faisait par le biais des Comores et notamment de l’île d’Anjouan, via des Tontons et des dealers étrangers. Tontons à qui il aurait été promis par le GIR des papiers de régularisation en échange de bons coups d’achat… C’est donc le volet 2 ou plutôt la face cachée du procès Roukia qui se profile à la barre du tribunal correctionnel ce matin. 10 ans après les faits, quasi jour pour jour, c’est donc l’affaire du GIR et de ses tontons qui refait surface…


Un article de Samuel Boscher, à retrouver dans le France Mayotte matin du mercredi 10 février.

Photos : images d’archives du procès Roukia et de la procédure d’instruction

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