La semaine dernière, le corps d’un adolescent de 17 ans a été retrouvé dans la commune de Koungou. Si cette découverte est macabre, elle ne peut amener qu’à s’interroger sur la prise en charge des jeunes atteints de handicap à Mayotte, à l’heure où un rapport de la Cour des Comptes évoque le malaise qui prévaut en France sur le sujet.
Triste découverte à Koungou, la commune du nord de Mayotte ne cessant d’abreuver l’actualité de l’île de triste manière. Le mercredi 10 février, une mère retrouve son enfant de 17 ans dans son lit, inanimé. Le Samu est directement appelé sur les lieux du décès de l’adolescent, qui était d’ailleurs atteint de handicap mental. Ils constatent sa mort, ainsi que des brûlures sur le visage. Un obstacle médico-légal est posé et tout de suite levé à la lumière des explications fournies par la mère. Cette dernière affirme que le jeune homme aurait fait une chute, qui aurait donc été fatale. Malgré les plaies sur son visage, les équipes médicales rendent très vite le corps à la famille.
Cette affaire, sordide s’il en est, pose la question de la prise en charge des personnes atteintes de handicap, et plus particulièrement des enfants et jeunes adultes, à Mayotte. En effet, sur l’île, peu de structures sont disponibles pour les familles ayant en leur sein un enfant handicapé. Que faire d’un jeune homme de 17 ans déficient mental quand on est une maman isolée et sans formation sur le sujet ? comment accompagner les familles dans leur parcours de souffrance ? Aider son enfant tout en continuant à vivre, telle est l’équation quotidienne pour les familles concernées. Comment assurer la sécurité d’un jeune homme de 17 ans qui a la force d’un adulte mais pas la capacité de discernement ? Comment répondre aussi à la souffrance des personnes qui souffrent de handicaps ? Mayotte manque cruellement de dispositifs pour encadrer, accompagner et écouter les familles concernées. Cette famille de Koungou en aura fait probablement l’amère expérience.
Même si la situation est plus avantageuse en métropole à ce sujet, l’ensemble du territoire national souffre d’un manque de prise en charge des personnes souffrant de handicap. La Cour des Comptes vient de rendre un rapport sur ce thème, elle souligne les difficultés des filières de soins et de suivi. Les magistrats de la cour soulignent dans le rapport toutes les difficultés que rencontrent les familles et les patients dans la gestion de la phase post hôpital : la gestion des situations individuelles ne serait pas satisfaisante selon le rapport. Les magistrats expliquent que en dehors de l’institution hospitalière, il n’y a plus de suivi, autrement dit, le patient s’il arrête son traitement ou fait une rechute, est livré à lui-même occasionnant pour ses proches de nombreuses difficultés. Ce serait la rationalisation des dépenses qui auraient mis à mal la performance du suivi des patients.
Un article d’Anne Constance Onghéna et Axel Nodinot, à retrouver dans le France Mayotte matin de demain, jeudi 18 février.