À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes hier, l’Insee a rappelé à travers une étude réalisée il a quelques mois, quelles sont les principales caractéristiques de la situation des femmes à Mayotte…
Pour faire simple et aller droit au but, l’emploi féminin est encore rare à Mayotte : en 2019, seules 27 % des femmes en âge de travailler résidant à Mayotte disposaient ainsi d’un emploi. Même si ce taux d’emploi progresse depuis 2009 (+ 5 points), il reste plus de deux fois plus faible que celui des femmes vivant dans l’Hexagone.
“La faible insertion dans l’emploi des femmes à Mayotte s’explique notamment par leur faible niveau de qualification : 30 % d’entre elles ont un diplôme qualifiant, contre 37 % des hommes. Par ailleurs, de nombreuses femmes à Mayotte, sans emploi, souhaiteraient travailler : c’est le cas de 41 % des femmes âgées de 15 à 64 ans, contre 29 % des hommes” indique ainsi l’Insee.
Par ailleurs, les femmes continuent à accéder moins souvent que les hommes aux fonctions de cadres, même si elles y accèdent plus souvent qu’avant.
Pour les mahoraises de plus de 50 ans, sept sur dix n’ont jamais été à l’école, contre quatre hommes sur dix. Mais le niveau de formation des jeunes femmes nées à Mayotte est à présent bien supérieur à celui de leurs aînées. Les choses ont ainsi changé et parmi les jeunes femmes de 20 à 29 ans nées sur le territoire, 75 % ont un diplôme qualifiant, contre 63 % des jeunes hommes.
Il faut dire aussi que les filles ont de meilleurs résultats à l’école que les garçons : leur taux de réussite au baccalauréat est notamment plus élevé.
Autre point, entre 20 et 24 ans, 40 % des femmes à Mayotte vivent en couple, soit près de deux fois plus que dans l’Hexagone. Mais les séparations interviennent assez rapidement et dès 35 ans, les femmes sont de moins en moins souvent en couple.
Du fait de ces séparations et de la forte fécondité, 23 % des femmes âgées de 20 à 54 ans vivent seules avec leur(s) enfant(s), une part deux fois plus élevée que dans l’Hexagone.
Ces mères isolées sont pour la plupart confrontées à une grande précarité, puisque la quasi-totalité d’entre elles vivent sous le seuil de pauvreté national et dans des conditions d’habitat difficiles.
Avec 4,6 enfants par femme en 2019, la fécondité est plus élevée à Mayotte que partout ailleurs en France avec des maternités précoces. Les inégalités hommes femmes ont donc la vie dure à Mayotte et ce sont des journées comme celles d’hier qui permettent de faire évoluer une société pourtant bel et bien matriarcale…
Samuel Boscher
Source : Insee