Avec la crise de la Covid, le monde de l’aérien tout entier a été chamboulé et Air Austral n’a à ce titre pas été épargnée. Un mariage avec Corsair avait ainsi été envisagé, mais le sauvetage vient aujourd’hui d’ailleurs…
Au plus fort de la crise de la Covid ayant entrainé des pertes financières colossales pour Air Austral, l’aide de l’État avait été sollicitée pour sauver l’entreprise et ses quelques 1000 salariés.
Mais pour ce faire encore fallait-il que le dossier de relance de la compagnie porté par le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) soit accepté par les instances européennes.
C’est aujourd’hui chose faite, la commission européenne a validé le projet d’aide à la restructuration d’un montant de 119,3 millions d’euros.
À la tête de RunAir, le pool d’investisseurs réunionnais mobilisés pour la reprise d’Air Austral et qui sont parvenus à tuer le dossier mariage avec Corsair. Michel Deleflie se félicite bien évidemment de cette validation qui sauve les salariés, leurs familles, les emplois directs et indirects. Air Austral pèse en effet très lourd dans l’économie locale, régionale et même internationale. Avec ces fonds, Air Austral compte ainsi renouer avec les bénéfices en 2024 ou 2025, ce qui est ambitieux et demandera la plus grande implication de tous les personnels passant par l’efficacité des services et la satisfaction des clients.
De leur côté, les investisseurs privés qui participent à la restructuration financière de la compagnie mettront leurs compétences et leur expertise au service d’Air Austral afin de contribuer pleinement à la réorganisation de la compagnie.
Cependant, tout n’est pas si rose, car dans sa décision, la Commission européenne a évoqué la limitation du nombre de sièges offerts par Air Austral, ce qui pourrait constituer un frein au développement de la compagnie.
Du côté des actionnaires, il n’est pourtant pas encore question de faire progresser le nombre de sièges, de lignes aériennes exploitées, la rentabilité de la compagnie reposant avant tout sur des avions au remplissage avéré, répondant à des critères de qualité et de prix aussi. Pour ce qui d’une collaboration avec French Bee, RunAir n’est pas opposée aux discussions si et seulement si la rentabilité est à la clef.
Mais dans la restructuration qui doit s’imposer, Mayotte n’a pas été oubliée et Jean-François Carenco, ministre délégué chargé des Outre-mer, a posé une contrepartie qui concerne la desserte mahoraise. Air Austral doit continuer à la desservir au quotidien, ce que la flotte assure depuis des décennies et est la seule à le faire.
Qui plus est et pour rappel, Air Austral assure seule sa ligne régulière et directe Paris-Mayotte grâce à ses deux Boeing 787 Dreamliner.
Pour ce qui est d’une baisse du prix des billets, les nouveaux patrons restent ouverts à toute proposition pertinente en matière de progrès et qui doit reposer sur une prise en compte très sérieuse des paramètres constitutifs du prix du billet et de la compétitivité de la compagnie sur un marché ultraconcurrentiel.
Samuel Boscher
Article paru dans France Mayotte matin de Mardi 10 janvier 2023