novembre 24, 2024

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Zena Airlines espère toujours décoller de Mayotte

Dans un communiqué, les frères Novou font une nouvelle fois état de leur envie de démarrer une compagnie « pour les Mahorais, par des Mahorais ».

Prix des billets pour se rendre en métropole jusqu’à deux fois plus chers que n’importe quel autre DROM-COM, tarifs exorbitants pour relier les iles voisines, piste trop courte, absence de continuité territoriale… Depuis des années, les mahorais dénoncent sans relâche la situation aérienne du département. Aujourd’hui, les habitants de Mayotte ont un taux de propension au voyage deux fois plus faible que celui des résidents des autres DROM-COM ! Depuis 2 ans, avec le soutien du conseil départemental, les frères Novou ont pris le problème à bras le corps et ont pensé la première compagnie mahoraise pour et par les Mahorais.
Leur objectif : désenclaver l’Ile et participer à son développement en proposant des vols à des prix raisonnables tant à destination de la métropole que des îles voisines.

Les frères Novou, entrepreneurs passionnés et ardents défenseurs de leur île

Ayant grandis à Mayotte, les frères Novou ont très tôt pris la mesure de l’importance des liaisons aériennes pour une île. Ce n’est pas un hasard si, une fois adultes, les deux travailleront exclusivement dans ce domaine. C’est Régis qui, le premier, saute le pas et débute sa carrière en métropole à Montpellier d’abord, avant de rejoindre l’aéroport Lyon Saint-Exupéry où il a en charge la représentation des compagnies Lufthansa et Brussels Airlines. Cependant, il ressent vite le besoin de se rapprocher de son île où il revient travailler un temps pour Air Austral, puis Mayotte Air Service. Désireux d’avoir plus d’impact sur la vie des Mahorais et convaincu que le transport aérien est l’un des principaux freins au développement de l’Île, Régis rejoint Ewa Air en 2017 en qualité de responsable des opérations. Du fait de l’ancrage résolument local de la compagnie, il perçoit cette opportunité comme une mission au service de Mayotte.

Tout aussi passionné par l’aéronautique que son frère, Julien y dédie également sa carrière. Il débute à l’aéroport de Mayotte comme agent de trafic, puis évolue tour à tour comme superviseur et chef d’escale. Durant cette période, il se forge la conviction que le développement de Mayotte ne pourra se faire sans une offre aérienne plus étoffée. Ce sentiment est renforcé lorsqu’il devient le représentant commercial sur l’île d’une compagnie aérienne, il découvre notamment la difficulté rencontrée par toute une partie de la population mahoraise pour réunir les fonds pour payer les billets d’avion. Dès cette époque, il réfléchit à la création d’une compagnie à la fois pérenne économiquement et plus en phase avec les besoins de Mayotte et de ses habitants.

C’est dans ce contexte que, fin 2018, Corsair annonce son départ de Mayotte. Le département fait alors appel à Julien Novou pour envisager l’implantation d’un autre opérateur sur l’île. Son frère Régis, qui a quitté entre-temps Mayotte pour prendre un poste de direction chez Air Antilles, se charge d’approcher les compagnies aériennes caribéennes pour leur proposer de reprendre les slots. Cependant, ces démarches se révèlent infructueuses. Si les transporteurs aériens caribéens ne rejoignent pas le projet, les deux frères restent convaincus de la nécessité de maintenir une concurrence sur la desserte Mayotte pour assurer l’autonomie économique de l’île et son développement.

Ils abandonnent donc leurs emplois respectifs en 2019 pour se dédier à 100 % à la création de Zena Airlines. Le nom de la compagnie lui-même ne doit rien au hasard et reflète les racines mahoraises du projet. En se référant à Zena M’Déré, dont le nom est étroitement associé à l’histoire de l’île, le projet assume pleinement et fièrement sa dimension identitaire. L’objectif des frères Novou est simple : désenclaver Mayotte grâce à une compagnie aérienne locale et capitaliser sur ce développement pour porter la croissance économique et industrielle de l’île.

Un mix produit innovant

Dès les prémices de la réflexion, un élément central a guidé le développement de la compagnie : comment créer un écosystème qui profite à tout Mayotte et pas seulement à une entreprise ? Pour ce faire, le projet se focalise sur les besoins des Mahorais. C’est notamment pour cette raison qu’en dépit des résistances de certains partenaires, Régis et Julien Novou persistent dans leur volonté de développer une compagnie à dessertes régionales mais aussi métropolitaines. En effet, malgré la problématique de la longueur de la piste pour les vols directs, chaque année, un nombre croissant de Mahorais a besoin de se rendre en métropole. Or aujourd’hui, cette demande ne peut être satisfaite pleinement. De l’analyse tant des besoins humains qu’économiques de l’île, à travers le prisme du transport aérien, ressort une offre construite autour de trois éléments structurants :

Des prix abordables :

Avec un prix moyen pour un trajet entre l’île et la métropole 1,5 à 2 fois plus cher que ceux pratiqués sur les autres corridors entre DROM-COM et Métropole, sortir de Mayotte est un luxe réservé à quelques-uns. Cependant, le besoin de se rendre en Métropole est bien réel puisque la destination représente 35 % du trafic aérien à Mayotte (source sabre). Cela se double d’un enjeu plus local avec des tarifs excessivement élevés également pour des trajets vers Madagascar, Mayotte et la Réunion (58 % du trafic aérien mahorais sur ces 3 destinations (source sabre)). Une situation d’autant plus aberrante que de nombreux Mahorais ont de la famille dans les îles alentours. Ainsi, pour permettre à tous de voyager, Zena Airlines table sur des billets jusqu’à 30 % moins chers sur certaines destinations par rapport aux tarifs pratiqués à date.

Une offre flexible :

Pour maintenir des prix bas tout au long de l’année sur le transport de passagers, Zena Airlines a opté pour une offre évolutive. Si, lors des périodes touristiques, l’accent sera mis sur le transport de passagers ; le fret sera, en revanche, privilégié lors des périodes plus calmes afin d’assurer une linéarité de revenus pour la compagnie toute l’année. Au-delà de l’aspect financier pour l’entreprise, le fret représente également une nécessité absolue pour le développement de Mayotte. Avec 120 tonnes de fret transportées pour 10 000 habitants, Mayotte se situe très loin de la moyenne des autres DROM-COM qui est de 310 tonnes (source à confirmer). Il s’agit de l’une des principales raisons du retard de l’île en matière de développement.

Capitaliser sur le développement des circuits touristiques dans l’Océan Indien :

Avant le Covid 19, les circuits touristiques dans l’Océan Indien étaient de plus en plus nombreux mais incluaient très rarement Mayotte. La raison est simple : il faut compter environ 800 € pour un aller-retour entre Roland-Garros et Dzaoudzi, là où les prix sont 2 à 3 fois moins élevés pour se rendre à Antananarivo depuis La Réunion. Avec des prix plus bas, Zena Airlines mise sur les touristes pour remplir une partie de ses avions, tout en faisant profiter l’ensemble de l’île de cette nouvelle manne. (Slide 8 prez Pitch Zena, minimum spend par touriste indiqué 1000 USD, pas forcément un chiffre que l’on retrouve dans des publications, possible de le sourcer ? )

Un programme ambitieux mais réaliste

Afin de ne pas reproduire les erreurs du passé, l’accent a été mis dès le départ sur la définition d’objectifs réalistes et pragmatiques. C’est dans cet esprit qu’il a été décidé de fixer au départ un plafond de 4 vols hebdomadaires avec deux rotations Pierrefonds/ Dzaoudi / Orly. Une connexion Pierrefonds / Dzaoudi / Marseille et une liaison Pierrefonds/ Majunga.

Sur les douze premiers mois d’exploitation, Zena Airlines vise 56 800 sièges en linéaire, ce qui représente une augmentation de 25 % de l’offre de sièges vers et depuis Mayotte. Sur le fret, l’objectif est également de changer la donne au niveau des échanges régionaux avec, par exemple, une capacité de 416T/ an de fret transporté depuis Antananarivo vers Mayotte.

Un projet pensé pour le développement économique de Mayotte et de la sous-région

L’offre de transport aérien a une influence majeure sur la santé économique d’une zone. Le dernier exemple en date est celui de la Polynésie Française qui, avec l’arrivée d’un troisième transporteur aérien a vu le prix du billet moyen baisser de 41% entre début 2017 et fin 2019, tout en connaissant une croissance de 20 % du nombre de touristes sur la même période (Source ISPF, OAG, INFARE). De ce point de vue, l’arrivée d’un nouvel acteur aérien à Mayotte ne pourrait être que bénéfique.

En outre, l’impact d’une compagnie aérienne locale est beaucoup plus fort sur le territoire que celui d’une compagnie étrangère. Ainsi, lorsqu’une compagnie étrangère ne reverse que 20 % du prix du billet dans l’économie locale, c’est 42 % qui sont réinjectés dans l’économie locale. (Source Airbus Consulting Analysis). Le projet ne bénéficiera pas seulement aux travailleurs de l’aérien mais à l’ensemble de l’île. Demain, pour chaque poste créé au sein de Zena Airlines, 6 emplois seront générés localement.

Au-delà de la seule île de Mayotte, c’est toute la sous-région qui profitera pleinement de l’arrivée d’une nouvelle compagnie aérienne. A la Réunion, l’exploitation de l’Aéroport de Pierrefonds devrait permettre d’accélérer le développement de la région Réunion grand Sud.

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