Cris Kordjee, la présidente de l’Association d’Usagers des Transports Aériens au départ et à l’arrivée à Mayotte, regrette la non-arrivée d’Air France sur le marché mahorais.
Les billets d’avion Mayotte-Paris et Mayotte-Réunion sont le Km aérien le plus cher de France appliqué au pouvoir d’achat le plus bas de France. Selon l’INSEE, 77% de la population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté : la moitié des habitants de l’île vit avec moins de 3140 euros par an, contre 21 000 euros en métropole. L’exercice du droit à la mobilité dans notre contexte d’insularité est ainsi gravement entravé.
Or, les mahorais comme chacun sait, sont obligés de prendre l’avion pour des motifs impérieux, en particulier pour étudier, se former et se soigner en l’absence de structures capables de satisfaire ces besoins à Mayotte. L’annonce d’une ouverture du ciel mahorais à la concurrence par l’arrivée d’Air France (corroborée par les courriers de protestation d’Air Austral) représentait une véritable bouffée d’oxygène, l’espoir de soulager le portefeuille des voyageurs soumis à des tarifs exorbitants depuis des décennies.
Or, nous venons d’apprendre que ce projet n’est plus d’actualité grâce à la pression des autorités réunionnaises qui n’ont pas hésité à sacrifier les voyageurs mahorais sur l’autel de leurs intérêts économiques. Par cette funeste victoire, elles démontrent une nouvelle fois que la solidarité des îles françaises de l’Océan Indien invoquée par certains est une chimère. Cet épilogue en dit long sur la considération des uns et des autres pour la population mahoraise et ses élus et nous conforte dans notre conviction selon laquelle, personne ne viendra développer notre île à notre place.
Les rendez-vous électoraux ont toujours été décisifs pour l’avenir de cette île. C’est pourquoi les mahorais ne doivent pas rater ceux qui se présentent ; j’engage chacun d‘entre nous où qu’il se trouve, à s’exprimer et à faire le meilleur choix, en élisant des représentants animés de la volonté d’extirper notre île du sous-développement dans lequel elle est maintenue. Nous regrettons la décision, mais loin de faiblir, nous poursuivons notre combat pour l’ouverture du ciel mahorais à une véritable concurrence et pour l’amélioration de nos infrastructures aéroportuaires.
La piste longue n’est pas une revendication fantaisiste ; la piste longue n’est pas un investissement de prestige. Elle constitue un besoin vital, la voie du progrès, la marche vers l’avenir pour la population mahoraise.