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Non tout ne va pas mal à Mayotte, des sujets avancent, des filières se structurent, c’est le cas des taxis qui vont à partir de la fin de l’année changer de look et ce progressivement et ce n’est pas du luxe !
C’est en 2019 que les choses ont commencé à s’accélérer dans ce secteur d’activité, plusieurs réunions de travail entre le Conseil départemental, les services de la préfecture, la Chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte et les différents syndicats professionnels et coopératives de taxi se sont déroulées pour faire avancer la filière. A l’issue de ces travaux est sorti un arrêté préfectoral qui fixait un délai de deux ans pour simplifier la grille de tarification des prestations, imposait aux professionnels d’équiper leur véhicule d’un habillage lumineux et d’un appareil permettant de délivrer aux clients des tickets pour les courses effectuées faisant apparaitre le prix. La profession devait aussi réfléchir à un habillage commun des taxis. Cette reconnaissance visuelle permettra non seulement de lutter contre les taxis clandestins mais aussi d’apporter de la qualité aux personnes qui visitent l’île en proposant un service se rapprochant des standards européens et internationaux de la profession.
Depuis 2019, les choses ont bien avancé, le secteur d’activité se professionnalise. Tout d’abord un partenariat privilégié entre les syndicats de taxi, la coopérative des taxis vanille et le conseil départemental a permis la mise en place d’une subvention de 10 000€ pour les taxis professionnels afin de leur permettre d’acheter un véhicule et les équipements désormais règlementaires. Ce partenariat s’inscrit dans la perspective de ce qui a été mis en place par le CD976 pour permettre aux pécheurs de se professionnaliser en achetant un bateau entrant dans les normes européennes.
C’est ainsi que 30 premiers dossiers individuels ont été validés lors de la première commission de la fin 2019. Excellente nouvelle, sauf que les professionnels sont confrontés aux réticences des banques à prêter l’argent nécessaire à l’investissement. Beaucoup des artisans taxis sont en entreprises individuelles ou n’ont pas de documents comptables toujours très formalisés donc les banques rejettent les demandes de prêts. A ce jour, seuls cinq des 30 premiers dossiers validés ont pu concrétiser leur prêt bancaire et donc boucler leur plan de financement. Les professionnels ont donc demandé à la préfecture un peu d’aide pour tenter de convaincre les banques de jouer le jeu.
S’agissant de la grille des tarifs simplifiés, une proposition a été faite à la préfecture qui la travaille en ce moment même, la crise sanitaire et les difficultés d’organisation ont semble-t-il ralenti le travail d’équipe. Qu’à cela ne tienne, les taxis se sont réunis, ont réfléchi et ont formulé des propositions qui sont entre les mains de la Préfecture. Une belle démonstration de prise en mains et de résolution des problèmes par la filière, c’est cette méthode qui a également été retenue pour proposer l’habillage des voitures : elles seront blanche et jaune Ylang comme l’arrêté préfectoral le prévoit, ce sont deux entreprises mahoraises qui seront chargées de réaliser les habillages sur les voitures, Lacroix et Mayotte Equipement, ces deux entreprises se sont en effet engagées à respecter les règles du jeu de la profession pour ne pas équiper des taxis clandestins.
Tout ce travail se concrétisera début décembre, la date du 9 est avancée pour présenter officiellement, en Petite-Terre, les nouvelles voitures. Progressivement, les vieilles voitures toutes abimées qui faisaient office de taxi vont disparaitre, le symbole d’une époque. C’est une nouvelle page des taxis de Mayotte qui va s’écrire, elle est résolument orientée vers l’avenir.
Anne Constance Onghéna
Pour France Mayotte