11h10 :
Le syndicat national des infirmier(e)s et conseiller(e)s de santé organise ce matin un webinaire pour recueillir les différents témoignages des infirmier(e)s scolaires sur la gestion du Covid, et l’impact ressenti sur la santé des élèves. En effet, les infirmier(e)s de l’éducation nationale sont en première ligne de la crise Covid. Une mobilisation forte qui les détourne de leurs missions de soutien et d’accompagnement, et ce bien souvent au détriment des élèves. A Mayotte, la problématique est plus intense encore, du fait des problèmes structurels déjà existants sur l’île.
« On a une activité intense depuis des mois à l’Education Nationale, des difficultés qui remontent à bien avant cette crise Covid » nous explique Saphia Guereschi, secrétaire général SNICS-FSU, syndicat majoritaire dans la profession. Elle nous explique que les infirmier(e)s scolaires souffrent d’un déficit constant dans la profession.
« Avant cette crise, il fallait déjà trois fois plus d’infirmier(e)s pour couvrir les besoins des élèves » déclare t’elle. Elle nous détaillera les difficultés auxquelles la profession doit faire face, nous expliquant que le syndicat dénonçait depuis des mois déjà le manque d’effectifs avant la crise. Mais avec l’épidémie, les professionnels du soin en milieu scolaire se sont vus affublés de nouvelles tâches supplémentaires, à l’instar de la réalisation de protocoles sanitaires, d’adaptations, de la mise en place des gestes barrières, de la nécessité de rassurer parents et enseignants, de travailler sur le contact tracing… « Et cerise sur le gâteau », l’annonce le 6 novembre dernier de la réalisation des tests antigéniques par l’Education Nationale.
Avec cette nouvelle mission, « on sait qu’on ne va plus pouvoir répondre aux élèves » nous explique Mme Guereshi. L’année dernière, les infirmier(e)s scolaires (au nombre de 7700 dans le pays pour 52 000 établissements scolaires selon le syndicat) réalisaient pas moins de 18 millions de consultations. Or, ces nouvelles et nombreuses tâches vont forcément nuire au maintien des consultations selon Saphia Guereschi : « On nous éloigne la possibilité d’apporter une réponse aux élèves ». Des conséquences qui peuvent être lourdes : « On nous éloigne de ça, il y a une crise sanitaire dans la crise sanitaire qui se prépare, et l’Etat ne nous donne pas les moyens de laisser les professionnels de santé à disposition des jeunes. » En effet le travail d’accompagnement fourni par les professionnels prend toute son importance dans le développement personnel des enfants et adolescents, que ce soit en termes d’éducation à la sexualité, notamment sur la transmission d’informations sur le planning familial et de la contraception, de soutien dans l’acheminement des démarches sociales facilitées par la libération de la parole de l’élève en consultation… « Nous ce qui nous inquiète c’est qu’au fur et à mesure des mois on nous empêche d’avoir cette possibilité d’accueil et le ministre ne l’entend pas.» explique t-elle. Et à Mayotte, où la secrétaire générale du syndicat nous explique s’être rendue il y a quelques années, la situation est plus compliquée encore. Entre inégalités, tensions communautaires entraînant des difficultés d’interaction. Sans compter un déficit structurel ayant pour conséquence un saupoudrage des effectifs selon Saphia Guereschi.
Dans le 101ème département, « les infirmier(e)s scolaires font souvent office de l’équivalent du médecin traitant en France et font des soins » explique t-elle. Et ce alors qu’en métropole, les professionnels de la profession font de la prévention avant tout et ne sont pas un service de soin. Ainsi, le syndicat a décidé de réunir la profession lors de ce webinaire également accessible à la presse afin que le public prenne conscience de la réalité du sujet, et de l’importance fondamentale de cet accompagnement prodigué dans les établissements scolaires.
Mathieu Janvier
Pour France Mayotte matin
