novembre 19, 2024

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6 mois ferme pour un braconnier pris en flagrant délit

Un jeune braconnier comparaissait hier au tribunal pour avoir tué et transporté une tortue marine la semaine dernière sur la plage de Titi Moya, en Petite Terre. Une affaire intimement liée à celle jugée vendredi dernier puisque c’était là le complice du braconnier condamné à 6 mois d’emprisonnement.

Les tortues marines ont décidément la vie dure sur l’île au lagon. Hier soir, la seconde comparution immédiate de la semaine pour des faits de braconnage avait lieu. Le jeudi 24 septembre à 3h15 du matin, les gendarmes étaient informés d’un braconnage en cours sur la plage de Titi Moya, avertis par l’association Oulanga Na Nyamba, alors en surveillance sur les lieux. A la suite de l’augmentation de découvertes de cadavres dans la zone, l’association opère des surveillances régulières en binôme munis de jumelles thermiques.

C’est ainsi qu’ils assistent à toute la scène. Ils voient alors les deux braconniers retourner la tortue, la découpant vivante morceau par morceau « car la tête était trop dure à couper », avouait l’un des braconniers. Car grâce à cette collaboration effective entre Oulanga Na Nyamba et la gendarmerie, l’un d’entre eux a pu être interpelé, un sac de 22 kilos de viande à la main, dans lequel on trouvera une patte de tortue verte. Il reconnaitra alors les faits, expliquant qu’il avait aimé le goût de la viande de tortue, et entendait la distribuer à sa famille. Jugé en comparution immédiate, le braconnier était condamné dès ce vendredi à 6 mois de prison ferme, et des dommages et intérêts à verser aux associations portées partie civile.

« Ça vous arrive souvent d’avoir faim de tortue à 2h du matin ? »

Si le complice a d’abord pris la fuite, cela n’aura pas duré longtemps. Se sachant recherché, il s’est rendu de lui même, et comparaissait hier au tribunal judiciaire. Il reconnaîtra les faits d’emblée, mais niera avoir découpé la tortue. Il avouera néanmoins savoir que l’espèce était protégée, mais que ses motivations étaient guidées par la faim. Réalité sociale ou stratégie pour attendrir le parquet ? Quoiqu’il en soit, le procureur ne semble pas dupe.

« Ça vous arrive souvent d’avoir faim de tortue à 2h du matin ? » demande-t-il au prévenu, supposant les velléités de l’accusé de faire commerce de la viande. « Et quitte à détruire la nature, pourquoi ne pas l’avoir laissée pondre ? ». Grande question. Me Simon, l’avocat des associations portées parties civiles (Oulanga Na Nyamba, les Naturalistes et Sea Shepherd ) ira dans le même sens. Il interroge le prévenu : « Vous êtes un gros mangeur monsieur ? ». Parce que 22 kilos de viande, cela fait selon lui l’équivalent de 44 invités pour un voulé…

Le jeune homme de 19 ans, d’allure pourtant presque bienveillante, avait déjà été condamné pour des faits de vol, notamment la veille de l’audience. Le vol serait- il plus grave que le braconnage des tortues ? C’est ce que Me Simon demandera au prévenu, lequel répondra que les massacres de tortues sont plus graves. D’ailleurs, comme l’expliquera l’avocat dans son élégante plaidoirie, le code pénal est également de cet avis.

Le procureur demandera 24 mois de prison ferme pour le prévenu, et un maintien en détention. Le tribunal reconnaitra finalement le prévenu coupable et le condamne à une peine de 6 mois d’emprisonnement, et 1400 euros par partie civile. Une peine relativement légère qui ne manquera pas de faire réagir les associations…

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