A Dembéni, les cultivateurs ont récupéré leurs terres et se sont affrontés avec les anciens squatteurs. Des blessés sont à déplorer.
Le décasage de Dembéni, le 7 décembre dernier au matin, avait permis à la coopérative agricole de Sada de récupérer son terrain. Mais avait engendré l’expulsion d’environ 70 personnes. Si ces dernières ont pu se reloger, les terrains qu’elles cultivaient sont, eux, perdus. C’est l’objet de la colère de ces individus, qui, même si elle est largement injustifiée, s’est pourtant exprimée ce week-end.
Samedi matin, alors que les agriculteurs de la coopérative de Sada reprenaient possession de leurs biens, les anciens squatteurs sont arrivés nombreux (entre 20 et 50) et armés de bâtons et de machettes. Des échauffourées ont alors eu lieu pour ce terrain assez large. Entre eux, qui cultivaient jusqu’alors le terrain sans titres et sans droits, et les nouveaux cultivateurs, ici de plein droit après une décision de justice.
Affrontements entre cultivateurs pour une parcelle de terre
Les producteurs de la coopérative avaient en fait commencer à détruire les plantations, dont les squatteurs pensaient pouvoir profiter, pour mieux replanter derrière. Tout le manioc et les bananes étaient donc perdus, ce qui a empiré la situation. Trois blessés légers sont à déplorer, dont une femme de 60 ans ayant pris un coup de machette qui lui a sectionné le doigt. Deux autres hommes ont été blessés au dos et aux doigts avec des machettes et à la tête avec une pierre. Ils ont tous trois été transportés au Centre Hospitalier de Mayotte. Un agent de la police municipale de Dembéni s’est même joint aux squatteurs pour asséner des coups aux agriculteurs ! Ce policier a été placé en garde à vue, et de lourdes sanctions vont lui être infligées.
Après que les producteurs de la coopérative aient prévenu la mairie, celle-ci a alerté les forces de l’ordre. Ces dernières ont réussi à ramener le calme sur le terrain, faisant détaler les squatteurs et séparant les deux camps, tout en procédant à deux interpellations et deux gardes à vue. Les rixes pour ce terrain ont occasionné sept blessé.es depuis le début des conflits. Désormais, la police municipale de Dembéni sera sur place pour garantir le calme et la sécurité des cultivateurs.
Dembéni appelle au calme
La mairie de la commune, elle, a discuté et organisé des réunions avec les deux parties. La coopérative de Sada a accepté de laisser le terrain libre ce week-end. Histoire de faire un pas vers celles et ceux qui cultivaient la terre avant eux, en ayant l’assurance que ce sera fini après cela. Il faut maintenant que les nouveaux – et véritables – propriétaires du terrain puissent jouir librement de leur possession. Et que les expulsés comprennent que ces grandes parcelles de terre ne sont plus à eux. Et ne l’ont jamais été, même en vivant dessus.
Un article d’Axel Nodinot, à retrouver dans le France Mayotte Matin du 17 décembre 2020.